Algérie

Commentaire


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La validation, en Conseil restreint, de l'avant-projet de révision constitutionnelle est passée presque inaperçue pendant la semaine de deuil et d'hommage national à Hocine Aït Ahmed. On avait à peine relevé la triste capacité du pouvoir à saluer la mémoire d'un historique tout en s'inscrivant brutalement en faux contre ses convictions et ses positions politiques les plus constantes, dont la plus connue est l'élection d'une Assemblée constituante en préalable aux réformes politiques.Le décès d'Aït Ahmed avait rendu dérisoires toutes les expressions politiques du pouvoir, ses projets et ses dossiers devenus subitement anecdotiques, sinon caducs. Le vent de l'histoire a soufflé sur tout le pays, désactivant, un temps, les vicissitudes et les pugilats politiques du présent. Comme une quête d'espoir ou un appel de détresse, le peuple entier replongeait dans le parcours des historiques pour comprendre les secrets de la marche victorieuse vers l'indépendance du pays.Cette «unanimité sans précédent» qui s'est manifestée dès l'annonce du décès d'Aït Ahmed, jusqu'à son enterrement en son village natal, aura été, en fait, un hommage collectif à cette génération du Mouvement national qui s'était, au milieu du siècle dernier, transcendée pour changer le cours de l'histoire et affranchir son peuple du joug colonial. En tirant sa révérence, Aït Ahmed a offert au pays une semaine de foi patriotique, laquelle avait guidé les pas des jeunes militants nationalistes des années 1940 qui quittaient leur lycée pour aller à la rencontre de leur peuple et qui laissaient un testament politique à l'âge de 20 ans. Dans Mémoires d'un combattant, Hocine Aït Ahmed décrivait la «semaine sainte» du 15 au 23 mai 1945, où l'ordre d'une insurrection avait été donné par la direction du PPA, avant d'être suivi d'un «contrordre».Encadré par Bennaï Ouali, un groupe de lycéens à Ben Aknoun, parmi lesquels Aït Ahmed et Ali Laïmèche, était chargé de préparer en une semaine un assaut contre le bastion militaire de Fort national, le symbole de la conquête coloniale de la Kabylie en 1857. «Avec pour unique bagage la foi dans les destinées de notre pays et pour seule certitude celle d'avoir brûlé nos vaisseaux», les jeunes nationalistes étaient chargés d'une mission qui était une répétition générale du déclenchement de la guerre d'indépendance moins d'une décennie plus tard.En revisitant ces séquences héroïques du Mouvement national, on réalise l'ampleur du déni historique opposé par les pouvoirs successifs de l'Algérie indépendante vis-à-vis des figures révolutionnaires qui avaient marqué la longue lutte pour la libération du pays, à l'image de Bennaï, Laïmèche et tant d'autres.La fin de la «semaine sainte» de Mai 1945 ne manque pas de rappeler celle qui vient de conclure l'année 2015. Aït Ahmed écrivait, à propos du contrordre de la direction du parti nationaliste : «Obligés de voler de nos propres ailes, nous allons devenir plus attentifs aux réalités bouillonnantes d'une société qui cherche à s'exprimer, d'une jeunesse qui cherche à s'organiser.»


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