Si la démarche du Groupe des 19 personnalités qui ont demandé à rencontrer le président Bouteflika ? pour s'assurer que c'est bien lui qui tient le gouvernail du bateau Algérie en pleine dérive ? pouvait avoir un quelconque sens au début, elle apparaît aujourd'hui franchement incongrue. L'indifférence affichée par le cercle présidentiel à cette initiative n'a pas empêché, pour autant, le groupe de continuer à soutenir sa demande et à espérer une réaction positive du palais d'El Mouradia. Devant l'insistance de ces personnalités à s'inviter pour prendre un thé avec le Président, on ressent presque un malaise pour certaines d'entre elles qui ont mis en jeu (en péril) leur capital patriotique et révolutionnaire dans un combat virtuel.Après plusieurs jours d'attente et des nuits de doute, que faudrait-il de plus pour que les signataires de la «lettre au Président» comprennent que leur demande a essuyé une fin de non-recevoir définitive et non négociable ' Alors, on se console comme on peut pour justifier la déconvenue : on invoque la censure par l'entourage présidentiel du courrier de Bouteflika qui n'aurait pas pris connaissance de la lettre des «19», la prise en otage du Président... Admettre que le sort de Bouteflika est entre les mains de ses geôliers, c'est déjà reconnaître qu'il n'a plus ni les capacités physiques ni l'autorité politique pour exercer ses pouvoirs.Après avoir toujours épargné le président Bouteflika de ses critiques, concentrant ses attaques sur l'oligarchie, accusée d'avoir accaparé les pouvoirs présidentiels, la secrétaire générale du Parti des travailleurs recadre sa position sur le sujet. Dans un entretien à El Watan paru mardi, elle lève le doute qu'elle a toujours entretenu, de bonne foi ou par calcul politique, sur les capacités de Bouteflika à diriger le pays. «Quand on est diminué par la maladie, on est tributaire des autres», assène Mme Hanoune, qui accuse le clan présidentiel de présenter au chef de l'Etat des rapports tronqués.Sans l'avouer publiquement, cet avis est largement partagé dans les discussions privées par les autres membres du Groupe des 19. La preuve est désormais faite, pour ce groupe, que le Président est bien malade et qu'il n'a plus les capacités physiques pour assumer ses fonctions à la tête de l'Etat. La demande d'audience sur laquelle ils avaient fondé leur démarche est aujourd'hui caduque. Les «19» passeront-ils à une autre phase plus radicale 'Partant de ce constat de vacance du pouvoir ? qui n'est plus supposé mais clairement établi si on se fie aux dernières sorties médiatiques de certaines de ces personnalités ? le Groupe des 19 ira-t-il plus loin en demandant l'application des dispositions constitutionnelles ' L'entrée dans le débat politique de nouveaux acteurs influents ? à travers notamment les déclarations du général Khaled Nezzar et la lettre du général Toufik ? a eu des effets dévastateurs sur la cohésion à l'intérieur du système et des réseaux de soutien au président Bouteflika.Preuve en est leur embarras à se positionner car ne sachant pas dans quel sens souffle le vent. Cet élément nouveau ne plaide certes pas en faveur du maintien du statu quo actuel. Mais de là à voir les signes d'un renouveau politique et démocratique, il n'y a qu'un pas qu'il serait hasardeux de franchir.
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Posté Le : 10/12/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Omar Berbiche
Source : www.elwatan.com