Les partis de l'opposition ont donné toute la mesure, hier à l'hémicycle, de l'échec cuisant de nos politiques. Le fait est unique de voir des députés en venir aux mains à l'heure du vote de la loi des finances. Quelques minutes de scènes de colère ont permis de lever le voile sur l'impasse dans laquelle s'est fourvoyé le régime qui, fort de la dictature de la majorité à l'APN, arrive à imposer ses vues, comme toujours, même si cette fois il n'a pu empêcher les frustrations de se manifester avec des éclats de voix.Ainsi, le visage de la crise est presque entier, c'est-à-dire économique et politique à la fois. Le geste de l'opposition parlementaire, qui fait montre d'une exaspération certaine, doit être quelque peu aussi influencé par un climat politique général déjà des plus délétères en raison de l'épaisse opacité qui caractérise le pouvoir et les fortes décisions de limogeages et de poursuites judiciaires contre de hauts responsables des services de l'Etat.Les éléments de contestation du projet de loi de finances sur lesquels l'opposition a dû concentrer son énergie laissent deviner le fossé béant qui sépare les députés en furie de l'Exécutif et sa majorité. La confiance est fortement entamée, tandis que l'on soupçonne le gouvernement de vouloir mettre la main sur les richesses nationales, d'appauvrir le citoyen en instituant des taxes supplémentaires et surtout de vouloir aussi usurper le pouvoir législatif afin de permettre au ministre des Finances ? une première ? de procéder à des ajustements de crédit au cours de l'année, au mépris du principe de l'étanche séparation des pouvoirs.Ce sont donc autant de facteurs qui, outre qu'ils renseignent sur la faillite politique menée par les dirigeants, laissent apparaître l'angoisse et le désarroi des députés qui voient dans les réponses adoptées une volonté délibérée de présenter de fausses solutions à de problèmes sérieux.Les Algériens savent en effet, pour l'avoir expérimenté durant la fin des années 1980 et au début des années 1990, que la période de crise comme celle que doit traverser le pays durant au moins les deux ou trois prochaines années ne sera pas sans laisser de traces.La chute du pouvoir d'achat de l'Algérie, résultat de la forte baisse de nos recettes en devises, va non seulement aggraver le déficit de notre balance de paiement, mais aussi affecter des pans entiers de notre économie qui se nourrissent du fruit de la vente de notre pétrole et de notre gaz.Il faut bien admettre que la crise a déjà commencé par creuser ses sillons et se manifeste par une augmentation des prix dans de nombreux secteurs. Rien que la hausse des prix énergétiques, qui ne va pas manquer d'avoir un effet domino sur nombre de produits que les entreprises vont devoir répercuter au niveau du consommateur final. En définitive, la question, aujourd'hui, est de savoir si l'augmentation des prix dont il s'agit va permettre d'atteindre l'effet escompté, à savoir maintenir la tête hors de l'eau.
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Posté Le : 02/12/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Ali Benyahia
Source : www.elwatan.com