Commentaire

Faudrait-il voir grand et loin ? Pouvons-nous nous permettre de voir grand et loin sur la base de la recherche d’une autonomie stratégique quand, de plus en plus, les Etats se fondent dans des entités plus larges, voient ensemble et envisagent en commun leur avenir? Oublions l’»infaisabilité» d’un mariage, ou à tout le moins une tentative de vie en commun avec d’autres pays, ce que, de toute façon, ne peut pas offrir le groupe des «5+5», même si une ministre importante, en l’occurrence Mme Michèle Alliot-Marie, se rend en visite officielle dans notre pays, après qu’elle soit déjà venue en tant que ministre de la Défense. Pour voir loin, même si ce n’est pas pour voir grand, il faudrait, bien sûr, faire de la prospective stratégique. A ce niveau, il y a un grand déficit. Dans quelle institution civile y a-t-il un ancrage dans la prospective? Il y a sûrement des visions, mais elles sont personnalisées et comportent même le risque certain de construire un processus de décisions fondé sur des analyses erronées. La réflexion stratégique n’est pas personnelle, individualisée, mais collective. Comment alors construire une vision commune de l’avenir et définir un projet pour le pays? Pratiquement tous les partis politiques possèdent un projet politique économique et social pour construire l’avenir. Mais, et il y a un mais, et grand en plus. Où sont produites ces analyses stratégiques et tirées ces démarches de prospective qui leur auront servi de matière première à la confection de leurs programmes et de leurs projets? Passons sur une autre réalité qui est celle de l’occultation des questions de défense, des questions de sécurité et même de politique extérieure. Faudrait-il entrevoir le long terme dans le cadre d’une intégration à un espace géopolitique à identifier et alors apprendre à réfléchir «rupture» et non continuité, ou alors poursuivre pour l’éternité le projet d’une autonomie de développement avec tout ce qui en découle en termes de budget et de suffisance? Bachir Medjahed