Commentaire

Seul le CCG a une politique de défense intégrée, et encore... Lorsqu’il n’y a pas de volonté à construire des espaces intégrés en matière de politique extérieure de défense, de politique intérieure et de sécurité intérieure, en passant par l’économie, il y a presque la conviction que cultive chaque pays que son ennemi stratégique est son voisin et que c’est celle-ci qui fournit à chacun le milieu générateur de sa stratégie. Il en est ainsi pour les pays du Maghreb qui recherchent, chacun, l’acquisition d’une capacité autonome de défense au prix d’une part importante du budget. Ailleurs, c’est-à-dire en face de nous, de l’autre côté de la Méditerranée, ce sont des politiques de défense intégrées avec une vision basée sur l’idée que l’ennemi est hors de l’espace de l’Union. Lorsqu’il est fait alors le constat que cette volonté n’existe pas, serait-il utile de continuer de marquer un échec stratégique par la tenue d’un quelconque sommet arabe, ou de ne pas le tenir dans les conditions où il ne semble pas qu’un jour proche seront aplanies toutes les divergences, dont certaines apparaissent très sérieuses, pour lui assurer le succès. On dit toujours que le Monde arabe est à la croisée des chemins, mais il semble qu’il ne veut en prendre aucun en tant qu’entité à construire, si bien qu’on assiste à des départs solitaires. Sauf pour le CCG, les cinq pays du Golfe, dont il est dit que les politiques extérieures, de sécurité et de défense sont décidées aux Etats-Unis et dont tout le surarmement acquis est du matériel pré-positionné pour l’usage futur et éventuel des Américains. La question devrait quand même se poser de savoir pourquoi les pays du Golfe ont-ils omis, très certainement consciemment et non pas de façon involontaire, de faire une référence à leur appartenance au Monde arabe. Or, il ne s’agit ni d’un conseil arabe de coopération des pays du Golfe, ni d’un conseil de coopération arabe du Golfe, ni d’un conseil de coopération des pays arabes du Golfe ou du Golfe arabe, alors que les pays du Maghreb avaient mis un point d’honneur à ajouter le mot arabe dans le sigle de ce qui devait amorcer leur union alors qu’il n’en a rien été. Le CCG est uni quelle que soit l’influence extérieure qui lui a imposé ou consolidé cette union, ce qui ne va pas de même pour cet autre groupe, sous régional, le Maghreb, qui est dispersé sur la politique intérieure et sur la politique extérieure, et donc fatalement sur les politiques de défense et de sécurité. Le Monde arabe n’avait connu que des divisions et ce n’est pas fini encore. Rappelons-en quelques-unes. Divisés sérieusement du temps de la Guerre froide, avec des systèmes politiques très divergents, incompatibles même, avec des valeurs divergentes et un arrimage à des espaces géopolitiques antagonistes. Guerre de juin 1967. Les oppositions «progressisme» de Nasser et «wahabisme» paraissaient plus grandes que l’opposition à Israël. Une guerre dans une guerre. Accords séparés avec Israël qui avaient entraîné des guerres séparées. Première guerre contre l’Irak qui avait vu des pays arabes s’aligner sur les Etats-Unis pour en engranger des bénéfices. Partenariat stratégique, rôle dans l’architecture de sécurité américaine, aides financières, effacement de parties de dettes. Deuxième guerre contre l’Irak. Pas de caution onusienne mais caution régionale arabe par la mise de territoires arabes à la disposition des troupes américaines... Bachir Medjahed