Algérie

Commentaire



Que reste-t-il du 3 mai ? Ce 3 du mois, après le 1er mai, est aussi un jour de fête bien qu’il ne soit pas férié. Il concerne une autre catégorie de travailleurs. Ceux de la presse, les journalistes en particulier. Cette journée leur est dédiée pour qu’ils sentent que la société et les pouvoirs publics, l’espace d’un jour, considèrent, à leur juste titre, les efforts qu’ils consentent pour le pays et son développement. En presque deux décennies, la presse algérienne s’est considérablement transformée et affirmée. Au point où il est aujourd’hui difficile, voire inconcevable, malgré certaines manœuvres intimidantes de parties agissant dans l’ombre, d’imaginer l’Algérie sans cette pluralité médiatique. Cet acquis obtenu au prix du sacrifice ultime de dizaines de journalistes qui se sont dressés comme un seul homme, la plume à la main, pour faire face au péril intégriste qui a guetté et qui guette toujours, bien qu’à moindre degré, l’Algérie et l’ordre républicain. Que dire, donc, de cette journée dédiée à la liberté d’expression bien qu’il aurait été plus adroit de la dédier aux journalistes? La démocratie, en effet, consacre, en premier lieu, le droit de s’exprimer. Si l’on fête la liberté d’expression, cela revient-il à dire que nous ne sommes pas dans ce système démocratique pour lequel des jeunes, un certain 5 octobre 1988, ont défié les balles pour réclamer cette liberté d’expression qui leur faisait tant défaut? De l’avis de plusieurs observateurs internationaux, la presse algérienne, à un certain degré, est libre. Du moins, elle l’est beaucoup plus que dans tous les régimes arabes réunis. Est-ce à dire que la presse algérienne jouit de la totale liberté? Les pouvoirs successifs ont estimé qu’elle l’est un peu trop à leur goût. Le peuple pas assez. Pas du tout en ce qui concerne la radio et la télévision. Les professionnels, eux, estiment que les journaux algériens ont gagné en maturité. En professionnalisme, aussi. Ces expériences cumulées ne doivent pas, cependant, nous faire dormir sur nos lauriers pour autant car les chantiers et les défis restent nombreux. A commencer par ce code pénal avilissant qui contraint le journaliste à comparaître comme un vulgaire malfaiteur devant des tribunaux souvent méfiants de ce journaliste à qui l’on reproche tellement de choses. La solidarité de toute la corporation doit être forte afin que le gouvernement revoie sa copie sur ce sujet. Cela ne suffit plus de le rappeler en certaines circonstances de calendrier. Et le fait que le même gouvernement parle d’un statut du journaliste ne doit pas écarter de vue que ce même journaliste n’est jamais à l’abri d’une peine de prison. Et, justement, à propos de ce fameux statut, les contours exacts de son projet restent flous tant il est vrai qu’il a été mijoté sans l’apport de tous les journalistes. Même le syndicat des journalistes s’est dit satisfait sans éclairer notre lanterne. Que reste-t-il donc de ce 3 mai, si ce n’est que l’envie de dire et d’écrire reste intacte chez tous ces hommes et ces femmes qui ont décidé de braver les risques et de faire du journalisme leur métier? Rafik Cherrak


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