Commentaire

La recherche des impasses Il est un fait pratiquement naturel qu’autour de chaque crise interne, ceux qui sont au pouvoir et ceux qui sont dans l’opposition ne se font pas de cadeaux. Ce n’est d’ailleurs pas dans leur rôle de se faire mutuellement des cadeaux quand les enjeux sont liés à l’accès ou au maintien au pouvoir. N’est-ce pas qu’on n’a jamais vu des équipes d’hommes refuser de s’accrocher au pouvoir comme on n’a jamais vu ceux qui sont dans l’opposition renoncer de gaîté de cœur à leurs ambitions d’accès au pouvoir? La différence réside seulement au niveau des moyens et ceux-là ne sont pas forcément liés aux rapports d’opinions, mais aux rapports de forces. Alors, de l’avis général, toutes les politiques développées par des acteurs liés directement ou indirectement à la crise, quelle que soit celle-ci, ne se conçoivent que dans le cadre de présomptions de manipulateurs et de recherche de l’extension de marges de manœuvre propres, plus particulièrement quand approchent des échéances politiques importantes. Les acteurs, de tradition, n’ont pas la propension au sacrifice des ambitions de pouvoir sur l’autel de la sortie de crise. Une telle perception de la politique ne s’inscrit pas dans la perspective de sa rupture. Même le slogan d’équidistance s’inscrit réellement dans cette stratégie qui se présente sous la forme d’une troisième voie censée instaurer la détente, mais qui peut évoluer comme une dangereuse tendance en ce sens que, pour que celle-ci puisse émerger, elle a besoin que la confrontation aille vers l’impasse délibérée. La troisième voie a besoin que s’instaure un bras de fer interminable et que les acteurs en confrontation soient laissés sans médiation pour que ne soit pas donnée une chance à l’apaisement. La perspective ambitionnée serait bien sûr de provoquer l’affaiblissement des deux protagonistes, de façon à les discréditer et à les sortir de l’échiquier politique. Le mieux serait encore de pouvoir leur faire programmer une montée en puissance sans fin de la contestation et de l’escalade des mesures de répression ou de sanction par les pouvoirs publics, pour que de chaque côté domine l’impression qu’il ne faudrait pas reculer sous peine de perdre les éventuels acquis obtenus précédemment. Bachir Medjahed