Deux logiques de puissance autour du champ syndical
Logique de puissance et logique de paix sociale ne sont pas forcément compatibles. Il y a en présence deux logiques de puissance dans le monde des rapports au travail, ou plutôt des rapports aux revendications et aux négociations salariales. Il y a celle des institutions en situation de choix des partenaires sociaux. Il y a celle des syndicats autonomes en situation d’organiser des grèves. Lorsque deux logiques de forces antagonistes s’affrontent, sans qu’il y ait médiation, il s’ensuit fatalement un bras de fer interminable qui met en jeu des enjeux de pouvoir et des enjeux de capacité à dissuader. Les pouvoirs publics semblent avoir perdu de leur capacité à dissuader puisque les grèves vont reprendre, tandis que pour les syndicats autonomes le combat va être durable et ne débouchera pas obligatoirement sur leur légalisation dans le moyen terme. Des grèves sont organisées dans l’enseignement secondaire pour «une insuffisance des augmentations des salaires dans ce secteur». Ces revendications se traduisent par le recours à la grève avec la menace d’en organiser d’autres dans le cas où l’écoute gouvernementale ne serait pas assez bienveillante à l’égard des grévistes. Certains comprendraient qu’il y a alors une faiblesse assez importante dans le système de négociation sociale ou une illégitimité de la procédure des négociations dans le choix des partenaires. Les travailleurs des autres secteurs de l’économie sont en attente eux aussi de la finalisation des conventions de branches qui devraient se traduire par des augmentations des salaires. Mais le problème est qu’une augmentation des salaires ne signifie pas obligatoirement une augmentation du pouvoir d’achat, laquelle est liée au couple «salaire, prix», donc à la croissance hors hydrocarbures qui, nécessairement par l’augmentation des gains en productivité, a fatalement une implication sur les évolutions des niveaux des prix. A ce niveau également, il y a un autre problème. Si la part des exportations hors hydrocarbures est pratiquement insignifiante par rapport à toutes les exportations et qu’en conséquence la productivité hors hydrocarbures continue d’évoluer à des niveaux assez bas, forcément les prix iront en évoluant vers le haut, creusant l’écart en terme de pouvoir d’achat par rapport à des salaires qui resteront figés, ou à tout le moins qui ne «bougeront» presque pas. Pendant ce temps, les impatiences grandissent et les revendications également, avec leurs corollaires l’organisation de manifestations de contestation et, bien évidemment, des grèves. C’est ainsi que sont remis en cause les pactes sociaux et, donc fatalement, les pactes de croissance, car la croissance économique n’est possible que dans un environnement de paix sociale. On tourne alors en rond.
Bachir Medjahed
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Posté Le : 13/04/2008
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com