Commentaire

Quel intérêt à une OTAN du Sud ? Le Brésil avance l’idée d’une «OTAN» du Sud. L’idée est en soi louable au moins comme thème de début, car la durée est vraiment nécessaire pour porter ce projet à maturation. D’ici à ce que les pays du Sud commencent déjà à se rencontrer autour du sujet, il s’écoulera certainement quelques bons semestres ou années. D’abord, quels pays pour le Sud, et surtout quels critères pour dire que tel pays est dans le Sud et l’autre non? Cette OTAN du Sud intégrerait-elle tous les pays qui ne sont pas dans l’autre OTAN? Dans ces conditions, le monde sera divisé en ensembles de pays occidentaux et pays non occidentaux.Où se situeraient la Russie, la Chine, le Japon, l’Inde? Et l’Afrique, l’Asie, l’Amérique latine dans l’»OTAN» bis? Et d’abord, pourquoi une OTAN Sud? Par opposition à l’OTAN Nord? Pour revenir à l’OTAN authentique, celle-ci est, avec l’élargissement et le partenariat, en train d’évoluer en forum politico-militaire qui risquerait, à terme, de se substituer au Conseil de sécurité de l’ONU, du moins de le supplanter. Il est vrai que les pays du Sud, ou plutôt tous les pays qui ne sont pas dans l’OTAN, s’estiment de futures probables victimes de l’OTAN, car, désunis, isolés, ils sont vulnérables face à une armada organisée qui peut décider de s’engager militairement là où se trouveraient ses intérêts. Une OTAN bis qui inclurait la Russie, la Chine, l’Inde, le Pakistan, soit quatre pays militaires, deviendrait un ensemble qui constituerait une hyperpuissance dans le domaine non conventionnel de la guerre. Une OTAN bis soudée autour des valeurs? Quelles valeurs? Un article V qui rend solidaires tous les pays membres face à une agression contre l’un d’eux? Sans doute que ce ne seront pas tous les pays qui la rejoindront, car nombre d’entre eux se satisfont d’un rôle à jouer dans l’architecture de sécurité définie par les Américains. Bachir Medjahed