Algérie

Commentaire



Aller au-devant des catastrophes Pouvait-on, d’un point de vue strictement scientifique, éviter les inondations meurtrières qui avaient fait des milliers de victimes à Alger en 2001 si un bulletin météo spécial avait été émis? Peu probable, car il est difficile de mettre en accusation les responsables de l’époque qui n’avaient pas vu venir la catastrophe. Il ne s’agit pas de considérer les inondations sous l’angle de la négligence humaine comme par exemple le non curage des avaloirs, le mauvais entretien des canalisations souterraines ou même leurs obturations volontaires comme l’avait laissé supposer la rumeur, mais de se demander jusqu’à quel degré la météo aurait pu sauver des vies humaines si des prévisions avaient été émises et des bulletins spéciaux diffusés. Cette question soulève à elle seule toute la fiabilité de la météo, raison pour laquelle le monde entier, y compris les pays les plus avancés, continuent de classer comme catastrophes naturelles des inondations, des typhons, des tornades, et des tsunamis, en dépit de l’existence d’un réseau dense de satellites et de matériels technologiques sophistiqués souvent interconnectés à ceux d’autres pays pour augmenter les chances de fiabilité. Bien que le cas soit différent, on peut même inclure dans ces prévisions, les tremblements de terre. Si la météo, dont on vient de célébrer la journée internationale, n’a pas encore accédé au rang de science, il reste que son importance s’est considérablement accrue ces dernières années. Certains pays, comme l’Amérique, sont parvenus jusqu’à déterminer des créneaux horaires précis pour le lancement de navettes spatiales en prévoyant des fenêtres. Pour beaucoup de citoyens des pays avancés, il est très important de consulter la météo. Pour savoir comment se vêtir, quels axes routiers emprunter, s’il est préférable de prendre l’avion, éviter le bateau ou rester cloîtré chez soi. Le typhon «Katrina» qui avait dévasté plusieurs Etats des USA a montré les limites de la science quand les prévisions ne sont pas prises en considération. Il est, certes, impossible de déclencher tous les plans d’alerte qui végètent dans les tiroirs à chaque bulletin météo spécial, justement parce que beaucoup d’entre eux se sont avérés déchargés du degré de gravité qu’ils étaient censés comporter. Qu’en est-il en Algérie du rôle de la météo et de son impact sur la vie des citoyens? Les agriculteurs en sont-ils accros pour décider de ce qu’il faudra faire le lendemain ou haussent-ils les épaules en s’en remettant au... ciel? Le bulletin météo, spécial ou pas, est-il réellement écouté ou ne fait-il partie que d’un timing avant le début du JT, pour faire «in»? Autant de questions qui méritent d’être soulevées afin de savoir si la météo fait partie des préoccupations des citoyens. Il serait curieux, à ce titre, de savoir combien parmi les 24 millions de propriétaires d’une ligne téléphonique mobile consultent les sites météo à 70 dinars le SMS. La question mérite d’être posée d’autant plus que le service existe et que cette donnée peut constituer une statistique fiable et traduire l’intérêt que porte l’Algérien à une science qui n’en est pas encore une, mais qui peut s’avérer, de temps à autre, juste et utile. Miloud Horr


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