Commentaire

Décantation Quel que soit ce que puisse être pensé des avancées ou des reculs dans le champ politique, il ne peut pas été occulté le fait qu’il n’y a plus, du moins en apparence, les grandes différences qui se menaçaient plutôt que de se surmonter, et qui étaient même érigées au rang d’incompatibilités qui alimentaient la source des instabilités. Non pas que, subitement, notre système politique soit devenu totalement démocrate, mais il n’en demeure pas moins qu’il est évident le constat selon lequel se sont produites des décantations. Depuis quand on ne parle plus dans notre pays de l’idéologie islamiste? De la théocratie? Pas depuis longtemps, mais le fait est là. Nous n’en sommes plus aux endoctrinements de masse, aux cassettes de prêches qui passaient de mains en mains. Peut-on dire pour autant que les avancées vers la démocratie sont réelles? En tout cas, si on ne parle pas d’avancées, on peut du moins soutenir que sont réduites les intolérances, ce qui est quand même une condition du maintien du cap sur la démocratie. Non pas, non plus, que le champ politique ne soit pas du tout traversé par des idéologies, mais il apparaît à l’observateur que celles-ci ont perdu de leur intensité et qu’elles ont subi un glissement des extrêmes vers le centre. C’est peut-être cette atrophie des idéologies qui a arrêté la dégradation des facteurs de tension dans le champ politique, ou alors ce serait la programmation de la démarche politique présidentielle qui aura réussi à produire de telles décantations. Certains mettraient plutôt cette décantation sur le compte de la résignation des porteurs d’idéologies incompatibles, qui ont fini par comprendre que seront toujours posés des obstacles devant la remontée en puissance des clivages qui avaient dévoyé le processus de démocratisation. Bachir Medjahed