Commentaire

Nos grilles d’analyse... sur l’opinion publique américaine Quand bien même que nous puissions croire que le fait qu’il nous apparaît que les forces armées américaines payent le prix cher en Irak, un prix partagé en Afghanistan, sera fort susceptible de faire échouer les Républicains à l’élection présidentielle américaine, il se trouve qu’il n’en sera rien de tel si on se réfère que Bush s’était retrouvé dans la même situation à l’élection présidentielle de l’année 2004 et qu’il avait quand même fini par gagner celle-ci, sans «discussion». Nos grilles de lecture qui sont inspirées par notre culture et notre vécu politique ne sont donc pas les mêmes que celles du peuple américain pour lequel les questions internationales ne semblent pas avoir la même importance que nous pensons qu’elles l’ont.Si nous pensions, cette fois-ci également, que ce qui nous apparaît comme un ensablement américain en Irak sera déterminant dans le choix des Américains, nous risquerions, une fois de plus, de faire fausse route et nous tromper à nouveau. L’Etat-major de défense des forces armées américaines tentera bien de tirer les leçons de cet enlisement, non pas pour fuir l’Irak et partir en vaincus en abandonnant les «dividendes» acquis à ce jour, à savoir que ce pays est dans leurs mains totalement, avec y compris ses champs pétroliers, mais bien pour durer dans ce pays et faire progressivement reposer les opérations de «rétablissement» de l’ordre public sur les forces armées régulières irakiennes. La stratégie mise en œuvre par les Américains vient, en retard peut-être, de réussir un grand coup par le constat fait par le gouvernement irakien selon lequel ce pays a encore besoin de la présence des forces armées américaines et pour longtemps encore. C’est ce que pense également le gouvernement afghan de Karzai à propos des forces de l’OTAN. Ainsi, les forces armées américaines et les forces de l’OTAN se voient reconnaître le statut de forces d’imposition de la paix, ce qui, désormais, aux yeux des gouvernements en place, accorde une légitimité à la présence de ces forces étrangères sur leur territoire. Pour ce qui concerne, donc, l’Irak, plus particulièrement, compte tenu qu’il n’apparaît pas du tout qu’Al-Qaïda perde ses motivations de départ, compte tenu, également, que pour le moment il est prouvé que la guerre sera interminable, si on se réfère au double fait que le secrétaire d’Etat à la Défense américain avait estimé que les forces de l’OTAN sont inadaptées à lutter contre la contre-insurrection et qu’il est reconnu que les actions asymétriques constituent un virus dans l’évaluation des rapports des forces en présence, la durée des forces armées américaines sur ce territoire va être longue, très longue, et avec elle le nombre de victimes va augmenter, des deux côtés, plutôt d’un côté que de l’autre. Mais cela n’entrera pas en ligne de compte dans les préférences américaines cristallisées dans cette élection présidentielle. Bachir Medjahed