Commentaire

Des armes pour ne pas faire la guerre Ce qu’on pourrait appeler une course vers l’armement n’est pas fatalement une course vers la guerre, mais plutôt vers la paix, car c’est de l’équilibre que naît la volonté de paix, c’est-à-dire celle de ne pas faire la guerre, une guerre inutile car inefficace. Dès que le royaume du Maroc acquiert des équipements militaires, des observateurs estiment que cet effort intègre l’idée que c’est l’Algérie qui constitue la principale et peut-être même la seule menace à laquelle le royaume aurait à faire face. De la même façon, dès que l’Algérie acquiert des équipements militaires, des observateurs estiment que cet effort intègre l’idée selon laquelle c’est le royaume du Maroc qui constitue la principale et peut-être même la seule menace à laquelle l’Algérie aurait à faire face.Dès que l’un de ces deux pays s’arme, les mêmes observateurs s’empressent de parler de course aux armements. Ils tentent d’établir une balance des armes pour évaluer les forces en présence. Nombre d’avions, de bateaux, de chars, de missiles, d’hommes. Cela ne concerne pas les autres pays du Maghreb. Les observateurs les mettent au frigo pour le jour où…, en pensant que ce jour finira bien par arriver. Pourtant, chacun de ces deux pays est dans l’obligation d’assurer sa défense, quelle que soit sa propre histoire passée et actuelle. C’est le devoir de toute autorité souveraine que d’acquérir les armes qui lui permettront de défendre son territoire et son peuple. Contre qui? Ce sont les observateurs et non les dirigeants de ces deux pays qui en fournissent les réponses: l’Algérie serait menacée par le Maroc et le Maroc serait menacé par l’Algérie. C’est aussi simple que ça. Quand la France, par exemple, ou l’Espagne, ou le pays lointain «Tataouine-les-Bains» s’arme, les observateurs ne cherchent pas à savoir contre qui. Une guerre entre l’Algérie et le Maroc? Pourquoi faire? Honnêtement, en mettant de côté les passions, peut-il y avoir un vainqueur et un vaincu? Il n’y aura que deux vaincus. Que des vaincus. Qui pourra raser l’autre? Qui pourra occuper l’autre? Qui pourra soumettre l’autre à ses propres conditions? Au lieu de chercher à évaluer les rapports de force, il faudrait plutôt chercher à évaluer les déterminations des deux pays à ne pas entrer dans une aventure militaire l’un contre l’autre. Ces deux déterminations sont certainement très fortes, plus fortes que celles de ceux qui voudraient leur faire perdre la raison. Bachir Medjahed