La paix par la sous-traitance
Alger abrite, depuis hier, les travaux de la Conférence chargée de trouver des mécanismes pour promouvoir la paix en Afrique. Un thème très sérieux en ces temps de violences qui secouent le continent Noir. Les conférenciers auront la tâche de trouver la parade à toutes les manipulations, récupérations, agitations et autres opérations de subversion dont sont victimes la majorité des pays du continent afin d’assurer une stabilité et permettre aux populations, ces éternelles victimes, de se fixer sur leurs terres ancestrales et continuer à vivre leurs misères, sans effusion de sang.Qu’espèrent, réellement, les conférenciers confortablement installés dans de somptueux palaces, loin de la Somalie en flammes, du Kenya en proie à une guerre ethnique, du Soudan embourbé dans sa guerre civile et de la Côte d’Ivoire qui n’en finit pas avec les combats fratricides? Faut-il encore citer les cas du Nigeria, du Mali, du Rwanda, du Tchad et même de l’Egypte, pourtant berceau des civilisations et qui est cycliquement secouée par des attentats dans les endroits les plus sélects? L’Algérie, hôte de la Conférence, échappe-t-elle à cette violence qui produit les mêmes victimes que celles dénombrées dans d’autres régions, peu importe au nom de quelle idéologie? Un mécanisme d’évaluation par les Pairs n’avait-il pas été mis en place pour apprécier les progrès de la démocratie et de la bonne gouvernance dans cette même Afrique? Cela n’a pas empêché la majorité des adhérents au MAEP d’applaudir -ou tout au moins de ne pas dénoncer- le coup d’Etat militaire qui avait amené au pouvoir le colonel Vaal en Mauritanie. La tuerie industrielle qui avait fait des millions de morts parmi les Hutus et les Tutsis et ouvert la voie à des agressions territoriales contre des pays souverains n’avait pas ému, outre mesure, la communauté internationale qui n’avait pas déployé les efforts qu’on lui connaît habituellement et qui ont été mis en œuvre au Soudan, allant jusqu’à faire intervenir l’ONU. Plus près de nous, le brasier kenyan a immédiatement été circonscrit par la diplomatie américaine, peu importe les motivations de Washington. Car ce qu’il faut retenir est que l’Afrique est le continent des colonies et des expérimentations menées par les anciennes puissances. Tout indique qu’il y a eu fraude au Kenya. Le premier responsable chargé de la surveillance des élections l’a admis; l’Afrique n’a pas réagi. C’est l’adjointe de Rice qui est venue jouer au pompier et remettre à sa place celui qui aurait dû remporter le scrutin.
A moins de sous-traiter la question pour l’ONU ou d’autres puissances, les conférenciers prêchent dans le désert. Car les guerres et la paix leur échappent. Ne disposant pas d’une force dissuasive pour le faire, les Africains sont incapables d’assurer la sécurité de leur continent. Et quand bien même certains pays en disposeraient, ils ne pourront jamais en faire usage, sans la permission de puissances étrangères au continent. L’offensive éthiopienne pour chasser les combattants des Tribunaux islamiques de Mogadiscio est là pour nous le rappeler.
Miloud Horr
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Posté Le : 06/01/2008
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com