Commentaire

Qui est démocrate et qui ne l’est plus ? Plus la démocratie s’approfondit, moins le terrorisme se développe, car, en démocratie, les citoyens peuvent revendiquer, «marcher»... Ils savent qu’ils finiront bien par être écoutés car jamais une manifestation ne s’est déroulée sans que le pouvoir n’engage de dialogue, ou plutôt des négociations, avec les représentants des manifestants. Par ailleurs, les conditions d’accès au pouvoir sont suffisamment connues pour le respect du choix exprimé réellement par les urnes. Que vient alors faire le terrorisme dans cette situation? Et c’est quoi le terrorisme? Qu’est-ce la démocratie? Quand bien même subsiste consciemment une confusion sur le contenu du concept de terrorisme, cette confusion permettant aux grandes puissances de n’incriminer qu’en fonction de leurs seuls intérêts, il ne faudrait pas occulter que le concept de démocratie induit lui également une confusion assez grande, assez grave, qui permet aux dictatures de s’en réclamer pour donner une légitimité à leurs actions et au système politique qu’elles ont mis en œuvre. A ce titre, tous les régimes au pouvoir dans tous les pays du monde peuvent, sans hésiter, dire, et sans prétention aucune, qu’ils construisent un système politique démocratique et qu’ils instaurent un Etat de droit. Il y a alors une question qui devrait être posée. Pourquoi s’acharner exclusivement sur la revendication d’une redéfinition du concept de terrorisme sous égide onusienne et ne pas en faire de même pour ce qui concerne le concept de démocratie? On parle de terrorisme à tout moment et de démocratie également à tout moment; pourtant, il n’y a guère de consensus international sur ces deux concepts. Il y en a qui soutiennent que c’est la démocratie qui permet de mieux lutter contre le terrorisme et, même, de parvenir à mieux réunir les conditions de la relance économique. Pour ce qui nous concerne, on n’a pas encore vu un parti légal qui ne se réclame pas de la démocratie, et ce, quelle que soit sa coloration politique. Les concepts ont fini par perdre de leur signification et tout le monde est démocrate dans le sens où existe un dénominateur commun qui est le processus électoral pluriel. Il suffit de s’en réclamer pour se faire passer pour un démocrate, et même un champion de la démocratie. D’autres s’affirment, avec force, démocrates, juste pour annoncer qu’ils ne sont pas islamistes. Il y en a d’ailleurs qui croient réellement que le monde est divisé en démocrates et islamistes. Qu’on soit l’un ou l’autre. Qu’on soit l’un contre l’autre. Il y a une sorte de confusion autour du sens à donner au concept de «terrorisme». Pourquoi ont été abandonnées les grandes marches contre le terrorisme alors qu’aujourd’hui encore, celui-ci existe et se manifeste? La question devrait être posée à ceux qui mobilisaient les masses pour dénoncer le terrorisme et qui ne le font plus. Il y a également une déviation du sens à donner à la démocratie quand on n’oublie pas le sigle RADP qui signifie que l’Algérie est une démocratie depuis son accès à l’indépendance. Pourquoi alors chercher à nous démocratiser alors que nous sommes déjà dans une démocratie? Quand les officiels disent que nous sommes en démocratie et que des décisions officielles sont prises en totale ignorance de ce qui passe pour une réalité, il s’en déduit fatalement un écart entre les conceptions de ceux qui décident et de ceux auxquels ces décisions s’appliquent. Il ne faudrait pas oublier que durant l’ère du parti unique, certains avaient lutté pour leurs aspirations à la démocratie et avaient subi des mesures privatives de liberté, c’est-à-dire qu’ils ont été incarcérés parce qu’ils voulaient la démocratie alors que le pouvoir lui-même se disait démocrate. Alors, c’est quoi la démocratie quand pouvoir et opposition ont toujours été divisés sur le contenu opérationnel de ce concept?