Algérie

Commentaire



Faudrait-il plus ou moins d’Etat ? Garant, gérant: deux conceptions de la nature du fonctionnement de l’Etat qui ne trouvent pas toujours grâce dans les visions de nos économistes qui s’alignent sur l’une ou sur l’autre, alors qu’il est connu que la sagesse de nos populations dit qu’il faut «tenir la canne par le milieu». On a vu qu’avec la perception qui a cours au niveau des opérateurs sur le rôle de l’Etat, il s’en est suivie une dérive des prix dans les produits alimentaires. Dans un pays duquel on attend qu’il se fasse éjecter brutalement de la position de confort que procurait aux populations l’Etat providence, qu’il accepte l’abaissement du niveau des barrières de protection sociale, alors que les conditions ne sont pas encore réunies pour que les entreprises deviennent performantes et fournissent aux travailleurs un coussin amortisseur pour les frustrations socioéconomiques, il est évident qu’un tel discours ne passe pas encore et ne sera pas reçu sous l’angle de sa validation.La preuve en est que la demande de plus d’Etat ou, à tout le moins, d’Etat, sur les plans de l’économie, de l’emploi, du social, des questions de sécurité bien sûr, traduit pour l’opinion publique la conviction que ce n’est pas encore le moment de voir l’Etat se recentrer sur des missions exclusivement de régulation et se délester de tout ce qui peut être effectué par le secteur privé, notamment pour ce qui concerne les services publics, les prestations sociales, l’enseignement de qualité, la gestion tout simplement. Même les économies les plus libérales n’y sont pas encore arrivées et n’y parviendront peut-être jamais, d’autant que les populations elles-mêmes perçoivent que, pour longtemps encore, elles auront besoin que l’Etat s’implique dans la prise en charge de leurs préoccupations quotidiennes. Elles ne voient pas du tout l’utilité de privatiser les services ou, à tout le moins, la protection sociale. Les pays occidentaux considèrent que l’Etat doit se recentrer sur les missions essentielles. Pourquoi faudrait-il que, d’une part, nos perceptions et les leurs doivent coïncider, et que, d’autre part, nous soyons contraints d’adopter immédiatement les réformes institutionnelles qu’ils ont mises en œuvre chez eux au stade actuel de leur développement et du fonctionnement de leurs institutions démocratiques? L’Algérie n’est pas encore parvenue à disposer d’une vraie économie de marché, celle qui est capable de financer le développement. Peut-être même que nous n’y parviendrons pas de sitôt, quand on observe les légitimes revendications formulées par le secteur privé national pour ce qui concerne sa protection contre une concurrentielle du privé étranger. Il s’exprime encore le besoin que l’Etat soit pleinement régulateur et partiellement gestionnaire, lui-même ayant déjà procédé à son recul dans bien des domaines, en particulier dans les transports terrestres et urbains.


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