Les conflits du haut vers le bas
Il faudrait regarder du côté de la classe politique pour expliquer comment les virus des divisions sont passés vers les populations, et non pas regarder vers les populations pour expliquer les divisions au sein de la classe politique. Ce n’est pas le peuple qui entretient les facteurs dégradateurs de la tension, quand bien même que des émeutes surviennent de temps en temps et que la justice se saisit du dossier, plutôt que les institutions dont c’est le rôle d’intervenir en amont. La Justice sanctionne mais ne possède ni les moyens ni les attributs pour adopter une politique de prévention. Il y a une certaine tendance qui soutient que nous avons vécu une période de guerre civile, sans prendre le soin de définir le contenu de ce concept. Tout se passe comme si devrait être accréditée la thèse selon laquelle le peuple se veut du mal. Les incivilités sont une réaction et non une fatalité chromosomique. Lorsque les populations boudent les urnes, il s’agit d’une réaction non concertée et qui est la sommation des réactions individuelles, car si cela n’en est pas le cas, les implications auraient été autrement plus graves. Il se pourrait donc que certains qualifient la tragédie nationale de produit d’une guerre civile, c’est-à-dire d’un conflit armé entre populations. Mais jamais le peuple n’a appelé à une telle guerre et aucun peuple au monde n’a pour vocation à entrer en guerre civile. Il n’existe pas de peuple dont les composantes voudraient bien en découdre entre elles, par contre il existe bien des éléments au sein de la classe politique qui voudraient bien que les populations épousent leurs idéologies dont les incompatibilités constituent des sources d’insécurité permanente et donnent aisance à des seigneurs de guerre qui soutiennent qu’ils veulent faire le bonheur du peuple. Depuis quand le peuple s’est-il un jour réveillé «régionaliste», ou islamiste, ou en train de défendre une cause qui va ruiner la cohésion nationale? Considérons par exemple le faible taux de participation populaire aux élections. Chaque élément de la classe politique lui donne une signification qui joue bien sûr en sa propre faveur, que l’on soit au pouvoir ou dans l’opposition. Chaque acteur ou parti défend l’idée que lui seul sait ce que veut le peuple, et chaque acteur ne veut pas paraître surpris des résultats. Serait-il normal que des partis s’enorgueillissent de se retrouver première ou deuxième ou quatrième force politique suite à un scrutin dont certains estiment que le taux de participation réel est bien plus bas encore? Comment croire un seul instant que les germes de conflit prennent naissance au sein des populations et qu’ils n’y sont pas introduits par la classe politique, toutes catégories confondues et pas seulement les partis politiques?
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Posté Le : 05/06/2007
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com