Algérie

Commentaire



A quoi adapter la constitution ? Le président confirme que la révision de la constitution est à l’étude. Belkhadem remporte ainsi une manche sur Ouyahia puisque c’est lui qui, depuis longtemps, ne cesse d’annoncer que la révision aura bien lieu alors que l’ex-chef du gouvernement soutenait que cela n’était pas à l’ordre du jour. Pour Belkhadem, il appartient au peuple de reconduire le président autant de fois qu’il le désire, ce qui se traduit par la révision du nombre de mandats, impliquant un rééchelonnement des ambitions présidentialistes pour ceux qui aspirent à la succession. Par rapport à la Mauritanie, qui sera prise par la communauté internationale comme modèle réussi de démocratisation, plus particulièrement en comparaison avec les pays du tiers-monde, l’Algérie se différenciera de ce modèle par le nombre illimité de mandats et par la possibilité qu’a le président de cumuler sa fonction de chef d’Etat avec celle de président de parti. Il fut un temps où c’était l’Algérie qui considérait que les valeurs démocratiques sont des atouts et que les autres pays du tiers-monde, plus particulièrement ceux du monde arabe, considéraient celles-ci comme des malédictions. Quelle que soit la raison invoquée pour justifier la révision de la constitution, en particulier celle qui avait été mise en avant à savoir que nous ne sommes plus dans un contexte de crise, il n’en demeurera pas moins que les attentions seront focalisées sur le nombre de mandats comme raison réelle de la révision, tout comme cela le fut pour l’Egypte, pour la Tunisie, pour le Yémen.Si on continue dans la comparaison avec la Mauritanie, on notera que nous avions eu le cas du Haut Comité d’Etat qui avait, en tant qu’instance collégiale, transmis «pacifiquement» le pouvoir au ministre de la Défense qui aurait dû transmettre le sien comme le fit l’instance militaire collégiale mauritanienne à la suite d’une élection à laquelle il ne devait pas participer. Zeroual aurait dû suivre la recommandation qui fut faite par Ali Haroun, disant en cette journée du 31 janvier 1994, qu’il souhaitait que «nos successeurs déclarent qu’aucun d’eux n’envisage de se présenter à l’élection présidentielle». Pourquoi «nos successeurs»? Il était prévu que Zeroual s’entoure de deux vice-présidents. Pour n’avoir pas suivi cette recommandation, Zeroual a connu la suite que nous connaissons tous. Il nous reste maintenant à nous interroger sur le fait que la constitution octroie toutes les libertés publiques alors que le terrain la contredit. Le dernier mot, à ce propos, reviendra à l’avocat Mokrane Aït Larbi qui, lors d’un séminaire organisé aux Andalouses par la médiature de la République, avait pris son propre pour exemple en disant qu’il a été jeté en prison pour avoir agi en se revendiquant de la constitution qui énonçait le respect des libertés publiques et des droits de l’homme. On peut alors avoir la constitution la plus belle au monde, la plus «libératrice» en termes de reconnaissance du droit à l’exercice des libertés publiques, le problème demeure dans les garanties et leur application.


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