Proliférations discriminatoires
Pour ce qui concerne le nucléaire iranien, le constat est que, publiquement, officiellement, ce sont pratiquement les seuls pays de l’Alliance qui donnent du traité une lecture conforme à leurs propres aspirations, à savoir n’accepter de courir aucun risque de voir ce pays accéder au rang de puissance nucléaire. Il est cependant susurré que l’Arabie Saoudite et les pays arabes du Golfe ne voudraient pas d’un nucléaire militaire iranien, surtout qu’il existe une tendance à rendre transfrontalier le conflit, arabes sunnites / arabes chiites, qui a cours en Irak. Qu’est-ce qui pourrait bien interdire à un Etat de se doter de l’ensemble des cycles nucléaires de façon à renforcer la recherche sans toutefois franchir le seuil de sa nucléarisation militaire, et ce, depuis l’extraction de l’uranium jusqu’au retraitement du combustible irradié en passant par la maîtrise du processus d’enrichissement?
Il n’existe absolument aucune disposition dans le TNP (Traité de non prolifération nucléaire) qui puisse interdire à un membre signataire de ce traité de posséder et de développer un programme nucléaire civil. Il est seulement précisé de ne pas transformer ce programme en programme nucléaire militaire, c’est-à-dire de ne pas lui assigner la mission de produire une arme nucléaire.
L’article IV du traité de non prolifération donne à tout Etat non nucléaire la possibilité de se doter d’installations et de moyens pour arriver au seuil nucléaire, tout en soumettant ses installations au contrôle par des missions d’inspections effectuées par les experts de l’AIEA. L’article IV est interprété par l’Iran, mais aussi par les pays appartenant au mouvement des non alignés, qui avaient apporté leur appui à ce dernier, comme autorisant tout pays, adhérant à ce traité, à développer la recherche dans le cadre d’un programme nucléaire civil.
Concernant le cas de l’Iran, pour ce qui concerne la face visible des dénonciateurs, le premier Etat à avoir accusé l’Iran d’avoir l’intention de fabriquer l’arme nucléaire a d’abord été Israël qui multiplie les mises en garde à la communauté internationale contre la menace sur la paix et la sécurité internationale que représentera l’arme nucléaire iranienne, Israël étant convaincu que les Iraniens ont acquis la maîtrise de tous les cycles techniques, y compris dans la fabrication de la bombe atomique. Israël fait même procéder à une «fuite» organisée des informations pour faire croire que ses forces armées vont intervenir en Iran, et ce, pour contraindre la communauté internationale à utiliser les moyens de force pour détruire les installations nucléaires iraniennes avant que le seuil de la fabrication de l’arme nucléaire soit atteint en Iran.
Concernant toujours la face visible des accusateurs officiels, remarquons que ce sont les pays du Traité de l’alliance, c’est-à-dire en fait les pays occidentaux, qui se sont engagés dans le processus pour le moment politique d’empêchement de l’Iran à progresser sur la voie de l’enrichissement de l’uranium.
Y a-t-il réellement une incertitude qui prédomine quand il s’agit de préjuger de la nature de la fin à donner au programme poursuivi car il n’y aurait pas de distinction réelle entre activité militaire et activité civile?
Les pays de l’alliance transatlantique préfèrent douter de la sincérité des autorités iraniennes, beaucoup sous la pression, il faut bien le constater, des dirigeants de l’Etat d’Israël lequel est devenu une puissance nucléaire non avouée officiellement mais dont personne ne doute.
Il y a deux types de prolifération. Le cas iranien est intégré dans la prolifération dite horizontale qui se traduit par l’apparition de nouveaux pays nucléaires. Il y a également la prolifération verticale dont on ne parle pas du tout et qui consiste, pour les puissances nucléaires, soit à augmenter le nombre d’ogives nucléaires à leur disposition, soit à renforcer la puissance de l’arsenal déjà à disposition. On n’a pas souvent entendu le DG de l’AIEA exiger des puissances nucléaires la soumission de leurs installations au contrôle par les inspecteurs de l’agence. Le constat est ainsi fait que ce sont les rapports de force qui priment.
La suite, qui sera donnée au cas iranien, aura des chances (ou des risques) de faire jurisprudence dans le monde car les pays adhérents au TNP pourraient bien un jour recevoir le même traitement.
Serait-il toujours possible de faire admettre aux pays, qui n’ont pas encore accédé au statut de puissance nucléaire, d’y renoncer à vie, quand les Etats-Unis, interpellés par l’Egypte et l’Iran, lors de la réunion au mois de mai passé, avaient refusé de s’engager à ne jamais employer l’arme nucléaire contre des pays qui n’en possèdent pas, et que la France a identifié la menace non nucléaire qui justifierait pourtant en riposte l’emploi de l’arme nucléaire.
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Posté Le : 11/03/2007
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com