Attention, la corde s’use!
Par petites touches, des responsables intervenant sur les ondes de la radio, sont en train de mettre en place la stratégie qui maintiendra la tête de millions d’Algériens sous l’eau. Celles, en tout cas des personnes issues des couches défavorisées mais qui croyaient réellement qu’elles allaient profiter de l’argent du pétrole. Il y a quelques jours déjà, des scènes inquiétantes ont commencé à faire leur apparition. Des jeunes, dépités de voir la vie et les prix courir sans qu’ils ne puissent jamais les rattraper, ont refusé de payer leur ticket de transport sur les lignes desservies par des autobus appartenant au secteur public. Parlant du titre de passage que l’un d’entre eux a refusé de payer, un jeune dira: «C’est une goutte du pétrole qui me revient».Loin de représenter un simple fait divers, que la police aurait pu régler si le receveur lui avait fait appel, cet incident est un signe avant-coureur de troubles qui risquent de survenir à grande échelle dans quelques semaines ou dans quelques mois, si la situation n’est pas prise au sérieux par les pouvoirs publics et si de vraies solutions avec de vraies promesses bien tenues ne sont pas apportées. Un certain Octobre avait commencé de la même façon sans que l’on daigne prendre en considération les innombrables indices (et certains rapports probablement) qui prédisaient une regrettable journée sanglante, le 5 du mois de cette année 1988 qui est à marquer d’une pierre blanche (rouge?).
Désirant reprendre de la main gauche ce que la main droite n’a pas eu le temps d’offrir, un sous-directeur de la réglementation a expliqué sur les ondes que l’augmentation du prix du lait est la répercussion de la perturbation du marché mondial puisqu’il s’agit d’un produit d’importation. Le même raisonnement pourrait être appliqué, pour justifier les hausses de prix, au sucre, au blé, au papier, aux médicaments, bref à tout ce que le pays importe. Si, au moins, les Algériens avaient la satisfaction de voir les produits locaux échapper à cette folie janviériste. Mais même de ce côté les responsables (parce qu’ils vivent à l’œil?) arguent du fait que les prix sont inférieurs à ce qui se fait ailleurs! Il n’y a que les salaires des travailleurs qui peinent à augmenter. Il s’agit du seul secteur où les responsables oublient de se référer à ce qui se fait ailleurs. Et oublient que les dollars avec lesquels le pétrole est facturé est lui aussi importé. Pourquoi alors ne pas répercuter les perturbations mondiales de ce moyen de paiement et faire en sorte que la fiche de paie -qui est de ce fait un produit d’importation- augmente, elle aussi? Assez tiré sur la corde. Le prix à payer peut s’avérer trop cher. Plus cher que les augmentations déclarées, ou non.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 07/01/2007
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com