Algérie

Commentaire



Faudrait-il lever l’état d’urgence ? Dans le contexte actuel où il est impossible de nier que la violence se promet de revenir et de remonter en puissance, il serait intéressant d’interroger encore une autre fois le chef du parti HMS, Abou Djera Soltani, sur ce qu’il pense à propos de la levée de l’état d’urgence. Des personnalités, comme Larbi Belkheir et Ali Benflis, avaient estimé que, pour leur part, ils ne voient pas d’inconvénient à ce que cela soit levé. Quel en serait leur avis aujourd’hui? Dans quatre mois, cela fera quinze ans depuis que l’état d’urgence a été décrété par feu le président Boudiaf. Celui-ci est toujours en vigueur sans que l’on sache exactement si le contexte stratégique a changé au regard de ce que l’on croit être aujourd’hui une reprise de la violence armée. Certes, par rapport à 1992, la différence évidente est la reprise du processus électoral qui avait été interrompu à cette époque, quand bien même que la légitimité «acquise» par le biais des élections ne fasse pas le consensus, car tout le temps remise en débat. Si on compare la période de sa promulgation à la période actuelle, il y a des similitudes dans le sens où la violence avait commencé par cibler les forces de sécurité ainsi que les membres de leurs familles avant de cibler ensuite les cadres, les personnalités et les journalistes et enfin les populations. La violence entamait une montée en puissance que ne pouvait que faciliter le cadre d’organisation territoriale du parti dont sont issus ses pratiquants et qui avait servi à ces derniers à dessiner leur architecture «militaire». Depuis, il y a bien eu des changements; il n’y a plus de tribunaux spéciaux, ni de camps d’internement du sud, ni de perquisition dans les domiciles, ni d’assignation à résidence, ni d’interdiction de séjour dans des parties du territoire... Même l’architecture de sécurité telle qu’avaient été définis les groupements territoriaux sous coordination du ministère de l’Intérieur et des cadres locaux de ce dernier a disparu. Le communiqué annonçant l’état d’urgence évoquait, quant à lui, un péril ou son imminence. Peut-on dire aujourd’hui qu’il y a encore péril ou affirmer son imminence ou, alors, conclure que ce qui est perçu sous l’angle de la renaissance de la violence ne serait qu’un feu de paille? L’enjeu de l’état d’urgence ne pouvait donc être celui d’apporter une solution politique à ce qui n’avait pas été reconnu comme procédant d’un conflit interne armé, mais de contenir ou d’éradiquer la violence par les moyens de force comme réplique à des actes de force. Il y avait, ainsi, pour rester dans la logique de l’état de siège, deux parties distinctes du problème à solutionner par la même démarche de sécurité. Pour les autorités, il y avait la violence à laquelle il fallait faire face avec l’instrument «militaire», mais il y avait l’idéologie contre laquelle aucun remède n’avait pu être identifié. Cependant, la conviction était grande des deux côtés, au fur et à mesure que s’opéraient des engagements sur le terrain, que la lutte allait être durable du fait qu’il ne s’agissait pas d’une guerre classique au sens propre du terme et que la clandestinité, couplée à la mobilité, était un virus introduit dans l’évaluation des forces en présence.


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