Y a-t-il un fusible pour le président ?
Bien que nous ne soyons pas encore dans une situation où les mots ont leur importance, il viendra quand même le temps où l’écart qui existerait entre ce qu’ils décrivent et ce qui se constate effectivement sur le terrain conditionnera la crédibilité du président lui-même et, bien sûr, des institutions.
Alors s’imposent quelques interrogations. Y a-t-il un intérêt pour le président à ce que, à chaque fois, il soit répété que c’est son programme qui est appliqué, et qu’il est même scrupuleusement appliqué dans un contexte où les populations l’évaluent en prenant pour référence leur situation actuelle et non les éventuels dividendes à en retirer dans l’avenir? De la même façon, y a-t-il un intérêt pour le président à ce que soit dit et répété sans cesse qu’il est la source unique du pouvoir et que tout ce qui se fait l’est sous son contrôle permanent, ce qui revient à dire que le président n’a pas son propre fusible et que, dès lors que se produit un court-circuit, il n’est plus protégé et en subit directement les conséquences? De la même façon également, y a-t-il intérêt à répéter tout le temps que la paix est revenue au lieu de dire qu’elle revient progressivement?De la même façon également, le président, de même que ses prédécesseurs, affirmait fréquemment sa détermination à construire l’Etat de droit, ce qui fait de celui-ci un projet alors que ceux qui sont apparentés au «pouvoir» répètent à l’envi que l’Algérie est déjà un Etat de droit, ce qui est en contradiction avec la franchise du président lorsque celui-ci livre sa vision de la justice actuelle.
Selon les diverses perceptions, d’un côté, le président désigne les objectifs à atteindre et justifie la somme des efforts à déployer, de l’autre, il est soutenu que les objectifs sont atteints sans que l’on sache si ceux qui l’affirment s’expriment alors en tant que «politiques», en tant que «commis de l’Etat» ou en tant qu’improvisés soutiens du président?
Le président serait donc ainsi la seule source de pouvoir, ou plutôt le seul décideur, et ceci pour tout ce qui se décide, à tous les niveaux, ce qui, d’abord, serait humainement impossible, et ce qui, également, permettrait de lui imputer tout ce qui va mal, tout en sachant que dans le cadre du système actuel, la situation n’est pas propice aux miracles.
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Posté Le : 05/11/2006
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com