Algérie

Commentaire



Quels lendemains pour la charte ? Le timide débat autour des implications de la mise en œuvre de la charte portant paix et réconciliation n’a pas publiquement engagé les partis politiques, plus particulièrement ceux de l’opposition ainsi que l’opinion publique, et même les associations créées autour des droits des victimes toutes catégories confondues. Ne se sont alors fait connaître ni ceux qui ont des inquiétudes à faire valoir ni ceux qui ont des espoirs ou des aspirations et qui ne présentent pas de visions obscurcies. En conséquence, il n’y a pas une lecture majoritaire de l’avenir, de celle de l’évolution des variables de politique et de sécurité, comme ne peuvent être saisies les opinions publiques sur les perceptions qu’elles peuvent avoir des projections sur l’avenir. Certitudes dans quelles proportions ? Incertitudes, dans quelles proportions ? Il y en a, au vu de ceux qui affirment qu’ils soutiendront inconditionnellement n’importe quelle décision que prendra le Président dans le cadre de la réconciliation nationale, qui ont une confiance aveugle en l’avenir de la paix.Il y en a également qui expriment leur pessimisme comme il y en a qui ne savent pas s’il faut se réjouir de ce qui viendra dans le futur ou s’il faut dès maintenant s’en inquiéter. Faudrait-il intégrer des éléments de quiétude ou des éléments d’inquiétude? Faudrait-il n’évaluer les perspectives de la violence qu’au constat que celle-ci a beaucoup régressé depuis les pics qu’elle avait touché au cours de la décennie 90 ou faudrait-il plutôt se focaliser sur le fait qu’elle dure et perdure malgré les mesures successives prises dans le cadre de mise en œuvre du processus de pardon inauguré par la Rahma et peut être clôturé par la charte votée par référendum. Il y en a donc pour lesquels le pouvoir sait exactement ce qu’il fait, qu’il maîtrise assez le processus qu’il a initié, qu’il en a prévu les différentes étapes et qu’il dispose d’un traitement contre tous les scénarios qui en découleront et tout se déroule conformément au plan préparé qui aboutira fatalement à l’instauration de la paix définitivement. S’il est vrai qu’à l’heure actuelle, l’opinion publique -et pas seulement elle d’ailleurs- ne possède aucun bilan de la mise en œuvre de la charte, à part certains chiffres sur la prise en charge des victimes de la tragédie nationale, le pouvoir, par contre, serait le seul à disposer des données qui lui permettront de faire des projections dans le court terme. Il y a autant d’éléments de quiétude dans les discours du pouvoir que d’éléments d’inquiétude dans les discours des émirs dont on dit qu’ils se sont repentis. Quiétude et inquiétude à la fois, c’est le principe de la douche écossaise. Le pouvoir ne pourrait réussir à faire valoir que des éléments de certitude que dans la mesure où il arriverait à faire taire les libérés, les émirs qui portent un coup au moral des populations. Il y a ce qui était une évidence, à savoir que le pouvoir s’attendait à ce que la violence survive à l’échéance fixée des six mois et c’est pour cela que les rédacteurs de la charte avaient introduit la disposition destinée à accorder plein pouvoir au président à l’effet de prendre toutes les mesures qu’il estime appropriées et qui, bien sûr, ne figurent pas dans la charte. Bachir Medjahed


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