Commentaire

Une autre guerre dans la guerre? L’intervention guerrière et durable des forces armées israéliennes, couverte par les Etats-Unis et non expressément condamnée par certains pays du Proche-Orient, qui ont d’abord laissé faire avant de se décider à souhaiter et non à exiger un cessez-le-feu, nécessite des clarifications sur les stratégies menées par l’ensemble des pays dans la région. Les pays arabes du Proche-Orient, dont particulièrement l’Arabie Saoudite, aimeraient bien affaiblir le courant chiite qui occupe des positions stratégiques dans la région, notamment depuis que les élections en Irak ont donné le pouvoir aux Chiites. Affaiblir le Hezbollah signifierait la réduction drastique de l’influence de l’Iran au Liban, et donc de la capacité de riposte du pays des mollahs.Les pays arabes de la région, en laissant faire Israël, s’adressent indirectement au régime syrien pour l’avertir que c’est son rapprochement avec l’Iran et avec le Hezbollah qui est incriminé par les Etats-Unis. Effectivement, avant que ne s’avèrent les liens entre la Syrie et l’Iran, la Syrie était pratiquement sortie des radars américains. Les Syriens sont ainsi avertis qu’il va falloir se désolidariser de la jonction Hezbollah-Iran-Irak chiite pour qu’ils puissent, d’une part s’extraire du champ des cibles américaines, s’engager dans les négociations avec Israël pour récupérer le Golan et, d’autre part retrouver leur place parmi les pays à dominance sunnite. Bien sûr que les pays arabes n’ont pas les moyens militaires de faire face à Israël et qu’ils n’en ont même pas l’intention. Bien sûr que les pays arabes ne sont pas autonomes en matière de politique extérieure et que, par conséquent, ils ne sont pas autonomes en matière de politique de défense, ce qui revient à dire qu’ils ne peuvent pas souverainement se mettre d’accord sur une politique commune de défense et de sécurité, et même de politique commune intérieure. La guerre menée par Israël contre le Liban, ou comme on le dit souvent, contre le Hezbollah chiite libanais, couvre une autre guerre, celle de l’affrontement entre les pays arabes sunnites et l’Iran chiite qui renforcerait la tendance chiite majoritaire en Irak et le Hezbollah chiite libanais.