Algérie

Commentaire



La Kabylie, cinq années aprèsQu’en sera-t-il du dialogue «gouvernement-Aarchs» après le départ de Ouyahia, surtout quand on se rappelle ce conseil de Belkhadem aux Aarchs dialoguistes de se déclarer parti politique, probablement parce qu’ils étaient porteurs de revendications politiques? Cinq ans après le début des événements qui ont amené des émeutes d’un genre inconnu de par le monde par leur durée, par leur ciblage et également par la réaction répressive qui s’en était suivie, le calme est revenu. Lassitude? Accalmie? Pause stratégique? Conviction que le but a été atteint? Conviction qu’il ne sera jamais atteint? De toute façon, la mobilisation a atteint un pic pour renforcer la capacité de négociation des encadreurs qu’elle ne pourra pas être maintenue dans une évolution en «exponentiel» et qu’elle décline si les représentants n’ont pas négocié au sommet de leurs forces ou n’ont pas arraché les dividendes conformément aux attentes.Grèves du cartable. Le mouvement qui était unifié au départ, s’est brisé en cours de piste pour aller à la présidence dans la division en avril 1995 et négocier avec les deux représentants de Zeroual: Betchine et Ouyahia. Le MCB version FFS avait claqué la porte, laissant le MCB version RCD à la table des négociations. 2005, même scénario. Le mouvement des Aarchs s’est scindé en deux, une aile menée par Abrika, se rendant au Palais du gouvernement pour y rencontrer… encore Ouyahia, et une autre aile, menée par Ali Gherbi, désertant la table du dialogue. Les deux s’accusant mutuellement d’avoir trahi le serment. Qui a raison et qui a tort? Abrika affirme que le gouvernement a reconnu la plate-forme dans tout son contenu. Ouyahia s’est, quant à lui, engagé à appliquer celle-ci dans le cadre de la Constitution et des lois. Quelqu’un, quelque part, a entretenu un brouillard stratégique. Nous voici donc cinq ans après. Mais, cinq années avant quoi, si on tente de fournir une lecture de l’avenir ? Pour ce qui est des revendications habituelles, il y en a une de particulier, et elle l’est d’autant qu’elle bouleverse la logique étatique, à savoir la question de la gendarmerie, d’autant plus que des zones entières de la Kabylie ne sont pas sécurisées. Certes, la criminalité serait en progression partout en Algérie et ceci serait assez compréhensible du fait que, d’une part, l’Etat ne peut pas donner de réponses immédiates à la révolution des demandes sociales et avait priorisé la posture de lutte contre le terrorisme, pensant à tort que la criminalité ordinaire ou que le grand banditisme prendrait le relais du terrorisme après que celui-ci se serait éteint.Quand bien même on revendiquerait la police à la place de la gendarmerie, il y aurait au moins quatre raisons pour lesquelles l’Etat hésiterait beaucoup à l’accepter. La première consisterait à abaisser le niveau d’indépendance des magistrats qui se verraient contraints à dépendre d’un seul corps pour leurs enquêtes. La deuxième consisterait à confier le monopole sur la sécurité publique au seul corps de la police. La troisième est que les critères de définition des zones de police et de gendarmerie sont uniformes à travers le territoire national. Il est d’ailleurs temps de réviser ces critères pour intégrer la tendance accélérée à l’urbanisation. La quatrième consisterait alors pour l’Etat à reconnaître plus qu’une simple spécificité pour la Kabylie et à, fatalement, assumer ce choix en révisant la Constitution. Les partis politiques, quant à eux, tous bords confondus, préfèrent se cantonner dans une position de prudence stratégique, ce qui démontre qu’ils n’ont pas intégré dans leurs programmes les questions de sécurité ou de défense, ce qui n’apparaît pas du tout normal pour des partis qui sont au pouvoir ou qui aspirent à y accéder. La Kabylie n’est plus sous le monopole d’aucun parti politique, en témoigne le fait que l’ensemble des partis et les indépendants n’ont réussi à intéresser que le tiers de l’électorat. Les populations, selon les dernières expériences, ne sont plus prêtes à sortir en masse à n’importe quel appel et d’où que celui-ci provienne. Du moins pour le moment.


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