Algérie

Comment sera gérée la crise


Comment sera gérée la crise
Hormis les instructions du chef de l'Etat, qui a chargé l'Exécutif d'en assurer un suivi permanent et d'examiner toute adaptation qui s'avérerait nécessaire dans la gestion économique et budgétaire, c'est le flou artistique.La dégringolade des prix du pétrole aura pour effet immédiat de voir se rétrécir les recettes en devises dans une conjoncture défavorable qui sera amplifiée par l'explosion de la facture des importations qui ne donnera vraisemblablement pas l'impression de pouvoir être maîtrisée. L'import-import semble avoir encore de beaux jours devant lui, même en situation de crise. La facture des importations devrait tourner autour des 65 milliards de dollars en 2015 selon les prévisions des experts.Avec un prix du baril qui est appelé logiquement à s'enfoncer davantage il sera difficile d'honorer une telle addition sans puiser dans le Fonds de régulation des recettes. Un casse-tête. Le gouvernement tergiverse sur les produits importés à exclure. Comment va-t-il gérer la crise' Premier concerné, le ministre du Commerce qui a constaté que la composante des importations est constituée à 62% de biens d'équipement et de matières premières agricoles et industrielles. Feront-elles l'objet d'une restriction' Ces catégories de produits «sont difficilement concernées (par des restrictions en importations) car le programme d'investissement dans le secteur public ou privé nécessite l'importation d'un certain nombre d'équipements et de matières premières pour faire fonctionner les projets» a déclaré Amara Benyounès, dans un entretien accordé à l'APS. «En ce qui concerne les produits alimentaires dont les importations représentent plus de 9 milliards de dollars, soit 17% des importations globales, il observe que la majorité écrasante se compose de produits essentiels (blé, sucre, huile...) qui constituent des produits de première nécessité pour le consommateur algérien» poursuit la même source. «Il est hors de question de réduire l'importation des produits essentiels sur l'année 2015. Ce n'est pas du tout envisa-geable» souligne le successeur de Mustapha Benbada. Là aussi, les choses sont loin d'être tranchées.Le marché algérien est pourtant inondé de produits exotiques et de consommation (kiwis, fromages, boissons, poissons, pains...) dont l'Algérien peut très bien se passer. Le moment est venu de les proscrire.Le gouvernement va-t-il passer à l'acte' Pour le moment rien ne l'indique. Hormis les instructions du chef de l'Etat, qui a chargé l'Exécutif d'assurer un suivi permanent de la crise pétrolière et d'examiner toute adaptation qui s'avérerait nécessaire dans la gestion économique et budgétaire, c'est le flou artistique. Depuis le début de la baisse des prix du pétrole, les déclarations rassurantes n'ont cessé de se succéder. Comme si l'Exécutif n'a rien vu venir. L'a-t-il sous-estimée' «Nous avons fait nos calculs, étudié les scénarios les plus pessimistes et toutes les hypothèses, y compris si le pétrole descend à 70 dollars» avait déclaré le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, lors de son discours d'ouverture des travaux de la 17e tripartite qui s'est tenue à Alger le 18 septembre 2014. Les prix du pétrole se sont enfoncés depuis sous la barre des 60 dollars! «L'Algérie est préparée à résister au choc pétrolier» a affirmé au début du mois de décembre 2014 le ministre des Finances, Mohamed Djellab, sur le plateau de la Télévision nationale (Entv). Des propos certes rassurants mais qui ne renseignent pas clairement sur la stratégie adoptée pour faire face à l'effondrement des prix du pétrole mis à part celle de puiser dans le Fonds de régulation des recettes et dans cette manne fabuleuse de 193 milliards de dollars constituée grâce à des niveaux historiquement élevés des cours de l'or noir. La vulnérabilité de l'Algérie est démontrée par son addiction au pétrole. Les importations tous azimuts la fragilisent davantage surtout en temps de disette. C'est pour cela qu'il faut trancher dans le vif...Sans hésiter.