Algérie

Comment promouvoir un quartier



Comment promouvoir un quartier
Par Abdelhak MessaoudiCe n'est pas uniquement le pasteur Martin Luther King qui faisait des rêves. Il arrive aussi qu'un Algérien commun perdu aux fins fonds de l'Afrique le fasse. Le pasteur rêvait de voir se réaliser l'égalité des Noirs et des Blancs ; moi je rêve de promouvoir mon quartier au rang de site touristique. Tout a commencé à partir du nom de mon quartier. «El moustakbel » nom ronflant, évocateur, incitant aux rêves les plus fous. Je me surprenais quelquefois en train d'imaginer des cohortes de touristes de tous les pays déambulant à travers ses rues pavoisées aux couleurs de l'arc-en-ciel. Avec ses boutiques bien achalandées d'où nul ne pouvait ressortir sans avoir acheté un souvenir. Mon imagination se projetait dans le temps et dans l'espace à tel point que j'arrivais à sentir les odeurs des épices, des grillades et bien d'autres odeurs. Comme mes moyens matériels sont dérisoires, voire inexistants, j'ai entamé cette opération avec une série de photos, espérant trouver un promoteur nanti pour démarrer l'opération. Que ce monsieur se rassure, je n'ai aucune visée financière. Mon unique espoir, c'est de voir mon quartier acquérir la notoriété qui lui revient. Avec mon portable, j'ai commencé par photographier quelques tas d'immondices qui meublent les rues de mon quartier. Bon, ils ne sont pas aussi grands que ceux de certains quartiers mais au moins qu'on comprenne leur envergure modeste. Ils reflètent le niveau de vie de mes concitoyens et voisins. Vous comprenez ! Avec le kilo de patates à 50 DA, mes voisins n'arriveront jamais à élever leurs tas d'ordures à la hauteur compétitive. Encore moins les pousser à exhaler l'odeur pestilentielle exigée par la règlementation en vigueur. Bon, il y a des boîtes en tout genre qui jonchent les rues, des couches tout âge, des sous-vêtements, il y a même du pain et des reliefs de cuisine, il arrive qu'on découvre de superbes charognes de je ne sais quoi. Je vous épargne la suite de l'inventaire, c'est abracadabrantesque (comme disait le copain Jacques). Bref, avec ce que nous avons entre les mains, nous aspirons à un rang honorable quand même. J'ai également photographié ces fameuses fuites d'eau si nombreuses dans notre quartier que nous jalousent nos voisins. Vous noterez sur l'une des photos que deux d'entre elles dévalent une rue pour former au terme de leur course une énorme flaque qui ferait le bonheur des canards. Bon ce n'est pas la Loire, mais nos fuites sont aussi représentatives car elles ont bravé le temps et sont actuellement assez âgées. De plus, leur débit est appréciable, il permettrait d'alimenter un autre quartier comme le nôtre pendant au moins une semaine. A propos, si vous avez envie de visiter, utilisez un véhicule assez costaud vu l'état actuel de la chaussée. Comme dans les quartiers de toutes les villes du monde, il y a ces empêcheurs de tourner en rond qui cherchent à détruire le rêve et la réalité. Les nôtres se sont ligués pour attirer l'attention des responsables locaux afin de mettre un terme à cette situation qui, pour eux (les empêcheurs) rendrait le quartier si populaire qu'ils se retrouveraient noyés dans l'anonymat. Combien de fois ces jaloux se sont-ils rendus à la mairie ' Combien de fois ont-ils tarabusté ce pauvre chef du parc communal et son élu de chef ' Heureusement que ces responsables, rompus aux situations complexes et avertis de la sournoiserie de ces citoyens leur ont fait la sourde oreille et quand ceux-ci devenaient trop entreprenants, ils leurs faisaient des promesses qu'ils ne tenaient pas, bien sûr. Ils leur ont même organisé une campagne de sensibilisation avec haut-parleurs et tout pour les calmer car la situation sécuritaire commençait à dégénérer. Heureusement, sinon adieu la promotion de notre quartier. Bon, je m'arrête là . J'ai bien envie de parler encore plus de mon quartier mais je vois arriver l'un de ces spécialistes de la récolte du plastique qui crèvent les sachets et répandent leurs contenus au beau milieu de la chaussée sans que personne bouge le petit doigt. Allez salut ! Leur interview s'impose.




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)