Algérie

Comment on a voulu faire jouer à Zeroual le rôle de lièvre


Ceux qui l'ont rencontré en décembre 2008 affirment que Liamine Zeroual était prêt à revenir à la politique. Ses points de vue sur la situation du pays et surtout « sa hargne de vouloir relancer un processus démocratique à l'arrêt » rapportés par les invités qu'il a reçus dans sa retraite à Batna n'étaient pas une invention. L'ancien président de la République laissait réellement exprimer un désir de reprendre la politique pour rétablir le principe de l'alternance à l'issue d'une période de transition au profit d'une génération nouvelle, soutenait encore hier un de ses invités. Liamine Zeroual était effectivement tenté par un tel challenge « pour peu que le peuple algérien accepte ». Les fuites sur la teneur de la discussion qu'il a eue avec les personnalités de divers horizons avaient, pendant longtemps, capté l'intérêt de l'opinion publique sans que le général à la retraite n'apporte un démenti aux ambitions qu'on lui prêtait. Puis vint cette rencontre, le 6 janvier dernier, avec le chef des corps d'armée, le général-major Gaïd Salah. M. Zeroual, selon une information qu'El Watan avait donnée, a eu un long tête-à-tête avec lui. Rien n'avait filtré à l'époque sur quoi avait porté la conversation.Les spéculations allaient dans tous les sens. Des plus fantaisistes aux plus réalistes, comme cette prévoyance d'un ancien responsable de l'Etat : connaissant Zeroual, il n'acceptera jamais de jouer le faire-valoir dans une élection cousue de fil blanc. A en croire l'hebdomadaire arabophone, El Khabar El Ousbouï (El Khabar Hebdo) dans sa dernière édition, c'est ce qu'on a voulu faire jouer à l'ancien président de la République. Le déplacement du général-major Gaïd Salah, à Batna, était finalement, selon ce journal, de convaincre Liamine Zeroual à prendre part à la prochaine élection présidentielle. « D'autres responsables, certains à la retraite, d'autres en poste », lui ont aussi rendu visite pour tenter de l'amener à participer à la course à la présidentielle. Ces déclarations largement, répercutées par la presse, avaient donné des idées à ceux qui travaillent pour la crédibilisation du scrutin d'avril dépourvu de candidats potentiels capables de stimuler la participation. Selon la même source, de hautes personnalités, à l'image de Benaâmar Zerhouni, conseiller à la Présidence, et du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, ont été dépêchées d'Alger à Batna pour intégrer Zeroual dans le jeu électoral au motif que « le pays a besoin de lui ». Les arguments, selon la même source, étaient « les mêmes que ceux présentés à Ali Benflis, candidat à l'élection présidentielle d'avril 2004 ». Peu convaincu des garanties qui lui ont été fournies, Liamine Zeroual envoie un ancien ministre pour explorer les tendances lourdes du microcosme algérois. Il retournera à Batna avec l'idée que l'ancien président de la République n'a aucune chance de remporter l'élection devant le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, qui veut briguer un troisième mandat.Les informations qui lui sont parvenues d'Alger l'aideront à trancher définitivement pour sa non-participation au rendez-vous électoral d'avril. Il est sorti de sa réserve le 14 janvier dernier. On comprend mieux aujourd'hui : sa lettre largement médiatisée était moins un désir de dire non, qu'une explication de son refus de jouer le lièvre dans une élection fermée. Le document remis à la presse projetait même une certaine vision de la direction que doit prendre le pays. Il y est souligné : « L'Algérie se doit de se tourner résolument vers l'avenir et de souscrire à une phase nouvelle empreinte d'une pratique démocratique réelle et d'un exercice sain de l'acte politique. Un authentique Etat de droit doit nécessairement reposer sur des institutions fortes parce qu'étant elles-mêmes l'émanation de la volonté populaire librement exprimée. 'uvrer à réaliser cet objectif suprême demeure, de mon point de vue, la condition incontournable à satisfaire pour que la notion d'intérêt supérieur de l'Algérie soit le c'ur battant de toute décision qui viendrait à engager l'avenir du pays et le devenir de la nation ».
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