I ls restent au pouvoir dix années durant, en empruntant le difficile chemin de la démocratie, à partir du bas de l'échelle, traitent de questions qui engagent l'avenir du monde, celui de leurs sociétés, comptent des sympathisants qui les encouragent à poursuivre le programme pour lequel ils sont élus et des opposants qui guettent le moindre de leurs faux pas, rendent compte quotidiennement aux institutions représentant leurs peuples. Ils sont souples et offrent l'image permanente d'hommes sûrs d'eux, gravissant les marches en courant ou les descendant avec le même rythme, paraissant sur les écrans de télévision, toujours souriants devant les micros des journalistes, sans chercher leurs mots, sans balbutier, infatigables, passant de conférence en conférence, de capitale en capitale, trouvant le temps de faire du jogging malgré leurs charges et d'aller à la rencontre des acteurs sociaux pour vérifier de visu ce qu'ils ont mis en oeuvre. Puis ils s'en vont en retraite. Â Tony Blair, à cinquante-quatre ans, part en retraite et compte vivre de ses misions au sein du Quartet, ainsi que des conférences qu'il animera dans différents espaces universitaires et politiques. Â En dehors de quelques initiés, la majorité dans nos sociétés ne connaît pas les programmes de ses gouvernants, ne sait pas comment ils sont arrivés au pouvoir, ne sait pas ce qu'ils font à longueur de journée, ne sait pas combien ils encaissent, ni ce qu'ils possèdent, ne sait pas comment le témoin du pouvoir est remis au suivant. Et ils ne partent jamais en retraite. Ils sortent par la porte et reviennent par la fenêtre quels que soient les résultats de leurs gestions. Jusqu'à la mort. Et encore ! Â Lorsque Gordon Brown, le tout nouveau Premier ministre, auquel les organes d'information devront s'habituer dorénavant, arrive à son tour au 10, Downing Street, propulsé par son parti politique, on connaît au moins son adresse professionnelle qui est aussi celle de sa résidence permanente. Il y arrive avec dans ses bagages un gouvernement qu'il est chargé de constituer par la Reine, une autre institution. Il y arrive parce que les sondages le donnent comme le « Premier ministre le plus capable » par 40% des Britanniques. Il est déjà passé par le ministère des Finances (et pas seulement parce qu'il est écossais), où il a fait preuve de génie pour assurer les grands équilibres de son pays. Â Les Premiers ministres de nos sociétés arabes sont nommés, quant à eux, pour leur fidélité aux chefs dans un monde où la suspicion l'emporte sur le choix d'un personnel compétent. Dès que leur soumission perd en intensité, ils sont remerciés et généralement ils s'exilent. On se demande alors pourquoi l'Occident réussit à nous imposer ses points de vue, y compris contre nos intérêts. Pourquoi il avance scientifiquement, technologiquement, socialement et économiquement, pendant que nous recherchons le meilleur moyen de nous en sortir, alors que nous le singeons sans vraiment l'imiter. Pourquoi il nous domine et occupe nos pays qu'il considère comme frappés de « déficit démocratique », avant de piller nos richesses humaines, naturelles et financières. Comment fait-il pour être ainsi ? Comment faisons-nous pour demeurer ainsi ? Â Lorsque les Français, voulant lancer la mode des parcs en imitant les Anglais, s'étaient aperçus que le gazon qu'ils venaient de planter avait mal poussé, les Anglais leur avaient simplement répondu: « Il faut du temps ». Nous avons eu pourtant tout le temps nécessaire. Et pourtant...
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Posté Le : 02/07/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ahmed Saïfi Benziane
Source : www.lequotidien-oran.com