Comment éliminer 6,5 millions d’analphabètes en 10 ans : Les tours de passe-passe de Benbouzid

Sortons les calculettes. Combien l’Algérie compte-t-elle d’analphabètes ? Sur une population de plus de 35 millions d’habitants, le pays compte aujourd’hui 6,5 millions d’analphabètes à en croire les chiffres fournis par le ministère de l’Education nationale, Boubekeur Benbouzid. En 1998, ils étaient 7,5 millions. Au cours des 13 dernières années, le taux d’analphabétisme a été péniblement ramené de 31 % à 18 % en dépit des moyens colossaux engagés par l’Etat.
Vendredi 28 octobre 2011, le ministre de l’Education fait le show vendredi lors de 36e session de l’Unesco tenue à Paris : L’Algérie a atteint un taux de scolarisation de 95%.
« Nous comptons aller plus loin parce que les moyens dégagés par le gouvernement algérien, aussi bien financiers qu’humains sont énormes et dépassent parfois les budgets de plusieurs pays africains réunis en matière d’éducation. C’est vous dire l’importance et la priorité que nous accordons à l’éducation des enfants en Algérie », explique-t-il.
Le ministre rappelle qu’à l’indépendance du pays en juillet 1962, « 80% de la population était analphabète. ».
A l’époque, l’Algérie qui sortait de 7 années de guerre, comptait 11,2 millions d’habitants. « Aujourd’hui, précise-t-il, ce taux a considérablement régressé pour atteindre 18-19%. », pour une population de plus de 35 millions d’habitants.
Un ministre en poste depuis 13 ans
Pour Boubekeur Benbouzid, 57 ans, en poste depuis 1998, la réforme de l’éducation tant décriée par les spécialistes et les parents d’élèves est un franc succès.
« La stratégie adoptée par le gouvernement en 2007 est en train de donner ses fruits, avance-t-il. Nous sommes aujourd’hui en train de scolariser plus de 1,5 millions d’analphabètes et nous comptons achever la scolarisation de tous ceux qui sont actuellement analphabètes d’ici 4 à 5 ans, sachant que le but que nous nous sommes assignés en Algérie est d’éliminer totalement l’analphabétisme dans notre pays d’ici dix ans ».
Phénomène éradiqué en 2021
L’Algérie qui compterait donc prés de 6,5 millions d’analphabètes aura éradiqué le phénomène à l’horizon 2021.
Il faut croire qu’en matière de lutte contre l’analphabétisme, le ministre de l’Education nationale manie les chiffres à l'avenant.
Ainsi, en l’espace de 13 années, ce taux a été péniblement abaissé de 10 % en dépit des moyens colossaux attribués à ce ministère.
A titre d’exemple la loi de Finance 2012 a alloué au département de l’Education nationale un budget de 544 milliards de dinars (7,4 milliards de dollars).
Les années se suivent, mais les chiffres fournis par le ministère ne varient presque pas. Ou si peu. Depuis treize ans, le « stock » des personnes illettrées oscille entre 6 et 7 millions.
C’est que le 30 janvier 2005, Boubekeur Benbouzid affirmait que le taux d’analphabètes en Algérie était de 26,5, ce qui représentait une population de 7 millions d’individu contre 31,6 % en 1998 (près de 7,5 millions).
Phénomène éradiqué en 2016
Le 19 janvier 2009, Benbouzid fanfaronnait à Alger lors d’un forum sur l’analphabétisme organisé à l’Assemblée nationale.
« Nous allons éradiquer la totalité du stock des 6 millions d’analphabètes en 2016, plastronnait-il. (…) Nous allons dépasser les normes internationales en portant le nombre à 100% par année ». Dépasser les normes internationales, disait-il.
Le 23 août 2010, une année et demi après cette déclaration, le taux d’analphabètes s’est très légèrement entassé.
Le ministre y allait de son petit couplet devant des directeurs d’’établissements scolaires réunis à Alger : « Le nombre d'analphabètes qui vont rejoindre les bancs de l'école cette année est de un million et demi sur les six millions existants, sachant que le taux actuel d'analphabétisme en Algérie est de 21 %. »
En août 2010, le pays comptait six millions d’analphabètes, en octobre 2011 il en compte 6,5 millions, contre 7,5 millions en 1998. En 2009, le ministre de l’Education nationale comptait éliminer l’analphabétisme en 2016, aujourd’hui, il a repoussé la date butoir à l’horizon 2012.