Algérie

Comment bancariser l'argent de l'informel '



Le Conseil des ministres s'est encore penché dimanche sur la crise de liquidités qui s'inscrit dans la durée. Gros consommateurs d'argent cash, décision a été prise de fermer les comptes commerciaux ouverts au niveau d'Algérie Poste pour les réorienter vers les banques. Est-ce suffisant, surtout avec l'arrivée du mois de Ramadhan où la situation risque de virer carrément au cauchemar éveillé pour les Algériens ' Il est de tradition que la demande en argent liquide augmente durant le Ramadhan, boostée par les besoins des ménages et de toute la sphère commerciale qui tourne à plein régime durant ce mois.Pourtant, le grand argentier du pays, Aymen Benabderrahmane, avait affirmé, début septembre dernier, que le problème posé par la crise de liquidités dans les bureaux d'Algérie Poste prendrait fin «avec, au plus tard, l'arrivée du mois d'octobre dernier». Une promesse loin d'être tenue, tant la situation tend à se compliquer par le retour des chaînes interminables devant les agences postales. Le manque de mouvements en économie et sa stagnation due aux mesures de confinement induites par la crise sanitaire n'expliquent pas tout.
Selon le dernier bilan de la Banque d'Algérie, la liquidité bancaire n'était que de 612 milliards de dinars en novembre 2020, principalement soutenue par les dépôts d'hydrocarbures liés à la rente. Pour faire face à la demande pressante, le gouvernement a opté, dès la fin de l'année 2017, pour le financement non conventionnel renflouant les avoirs bancaires avec un montant qui dépasse les 6.000 milliards de dinars. Mais l'échec total de capter l'argent de l'informel est venu compliquer davantage la donne, à un moment où le pays se trouve au creux de la vague, pas seulement à cause de la crise sanitaire, mais aussi et surtout en raison de l'incapacité chronique à mener des réformes structurelles pour corriger nombre de défaillances. Lâcher la bride à l'inflation, conjuguée à la dégradation du pouvoir d'achat des Algériens, risque de mettre rapidement le gouvernement sur la corde raide. Parmi les solutions structurelles justement, mobiliser la bagatelle de 5.000 milliards de dinars de l'informel pour l'injecter dans le secteur bancaire, même si l'on est en droit de s'interroger si les dernières émissions de nouveaux billets de 2.000 DA ne visent pas une sorte de soutien pour la liquidité bancaire. Pourtant, toute nouvelle injection de monnaie dans l'économie sera une grave dérive, avertissent les experts.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)