Le 03 de ce mois. La salle des fêtes. Rénovée et égayée au bonheur de
tous. Cet endroit qui fut, un certain temps, le réceptacle de diverses
activités, dont étaient privés les autochtones, ne fut en fait qu'une salle
pour les fêtes des colons. Ils y jubilaient. Valsaient. Le décor est un peu
tiré de ces années-là. L'assistance, progressivement nombreuse, comptait
beaucoup plus d'officiels, de jeunes étudiants et curieux que de témoins ou porteurs
de faits. Il y avait néanmoins des figures connues pour leur militantisme
silencieux et loin des feux de la rampe. L'affiche dressée à cette occasion, en
fond de scène, ressemblait à un papier à entête administratif. Il ne manquait
que le numéro d'enregistrement de courrier. Le logo d'un huit élancé aurait à
propos suffit d'identifier l'événement. Bref.
La ville a voulu ouvrir les festivités par un colloque qui mériterait
quand bien même d'être internationalisé. Se contentant d'intervention locale,
la salle, captivée par l'orateur, semblait s'entendre se dire, par conviction,
que le 08 Mai 1945 reste une date historique dans l'éveil des consciences. Le
sursaut national n'était en finalité que salutaire. Le 08 Mai est aussi une
évocation, une science et une autre première conscience. La narration de
l'évolution historique des nations a été de tout temps empreinte de hauts faits
et de mémorables moments. L'histoire de l'Algérie combattante demeure dans
toute sa dimension, une leçon de bravoure, une démonstration de l'effort et un
accord dans les énergies patriotiques variées.
La science devait être pour nous source de pardon quand la divergence de
la vie rend impossible la vie. La perception des préceptes religieux n'est pas
une exclusivité propre à une caste ou un parking de savoir théologique, réservé
uniquement aux détenteurs d'une quelconque autorisation de stationner. La
diffusion de la science est d'abord un devoir d'Etat, il est général, la
religion étant un devoir divin. Il est intime et personnel. Le droit, quant à
l'acquisition de l'outil scientifique et instructif, s'allie étroitement à la
qualité citoyenne. En tout cas, cette journée devrait être un arrêt de bilan
qui n'aurait pour résultat que de créditer davantage la lutte, sans merci,
contre l'analphabétisme élémentaire, les pratiques obscurantistes et les
déviations sociales. En plus de ces fléaux, d'autres maux plus complexes
viennent imprudents et parfois grossiers, tels que la menace de l'union, le
chantage à la démocratie et l'altération des mÅ“urs, agrandir la blessure du
corps national.
Les jeunes qui s'y trouvaient, filles et garçons venant droitement de
l'Institut des sciences de la communication, apparaissaient se chuchoter que
Notre combat ira à l'endroit des formulations médiatiques, en vue d'y apporter
un rôle socio-éducatif national en s'inscrivant dans ce sens, en dehors de tout
penchant politicien de quel bord que ce soit.
Ils devraient se dire que Notre combat ira tout aussi vers les minbar des
mosquées où, seule la parole de la vérité absolue devra prévaloir à toute autre
considération de soutien à un régime ou à un autre. La science est justement
dans la sentence de ces « ahli el ilm ». C'est à eux, entre autres acteurs,
qu'incombe la mission de réussir là où la loi humaine, incapable, enregistre
l'échec de la résurgence sociale. Mais, l'imam n'est pas un appendice du
gouvernement, encore loin d'un parti. Il devrait savamment ne point se limiter
à l'explication du statut personnel ou à la vulgarisation des causes
d'annulation des ablutions. Authentique, juste et véridique, il sera comme un
chandelier dont la lumière n'évitera aucun coin ni recoin de l'espace à
illuminer. Du présent ou de l'au-delà.
L'union de la nation, sous peine d'explosion, doit savoir comment
négliger le goût volcanique, impropre et impur, qui remue l'esprit des
prétendants au « trône » de la République. La scission d'abord dans la culture,
ensuite dans la pensée et dans le projet de société, est à éviter, par
l'acceptation de la différence dans la vision, et la divergence dans l'idée. La
concertation qui est une convention morale entre la science et le bon sens de
l'homme, demeure l'unique moyen de conserver encore la cohésion du pays. Le
savoir est un comportement de tous les jours, une tolérance et une raison pour
toujours. L'instruction conforte ses assises. Ainsi, dans cette ville martyre
débute un programme, encore un autre, pour marquer cette date. Le wali, dans
son allocution, n'a pu savoir escamoter les affres de l'émotion qui
stigmatisait, non son discours, mais son aveu tacitement affecté face aux crimes
monstrueux perpétrés un certain 08 Mai 1945, dans la région de la ville qu'il
dirige.
Le 08 Mai, comme toutes les dates phares de l'histoire algérienne, doit
servir, outre la commémoration, d'escales de recharge du sentiment national.
Novembre 54 n'était-il pas déjà dans l'embryon de Mai 45 ? Inversement de
chiffres. Signes de la providence.
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Posté Le : 06/05/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : El Yazid Dib
Source : www.lequotidien-oran.com