Algérie

Commémoration des événements du 8 Mai 1945



Le nouveau regard de Bouteflika Le président Bouteflika a étonné tout son monde, hier, en liftant considérablement son message à l?occasion de la commémoration du 62e anniversaire des massacres du 8 mai 1945. Point de piques ou autres formules assassines en direction de l?ancienne puissance coloniale. Le propos de Bouteflika était tellement mesuré, voire édulcoré, qu?il tranche radicalement avec la charge qu?il avait sonnée, il y a une année, jour pour jour, contre la France qu?il avait accusée alors d?avoir commis « une entreprise génocidaire » durant ces événements. Pis encore, le Président n?avait pas hésité à comparer les « fours de la honte » aux fours crématoires de l?Allemagne nazie que l?armée française avait utilisés à Sétif, Guelma et Kherrata. Entre la philippique de l?année 2006 et le message doucereux du 8 mai 2007, il n?y a vraiment pas photo. Hier, Bouteflika a prêché, contre toute attente, la réconciliation avec la France. Il a plaidé pour « un climat de confiance » même s?il a concédé que le passé de ces événements a été « traumatisant ». Mais on était vraiment loin de ce lexique particulièrement cru ? génocide, extermination, funeste règne ? de M. Bouteflika à l?égard de la longue nuit coloniale qui a précipité la mise au frigo du fameux traité d?amitié. Le plus surprenant dans le dernier discours du Président est qu?il fasse l?impasse sur la repentance et le pardon qui ont constitué son cheval de bataille jusque-là dans ses déclarations sur la France. Qu?est-ce qui a donc pu changer en une année pour que le président Bouteflika retrouve son calme et tienne un discours détonnant par sa froideur et conciliant par sa teneur ? Difficile d?expliquer ce grand écart dans le propos présidentiel d?autant plus qu?il a gavé tout un peuple d?une littérature guerrière vis-à-vis de la France. A moins que le Président ait exploité de manière exagérée la blessure de ces événements pour booster sa popularité au sein de l?opinion algérienne, quitte à froisser ses partenaires français. Le fait est que son message d?hier est expurgé de toute formule qui pouvait fâcher les responsables français, y compris la réclamation du pardon et de la repentance qui a disparu subitement de son dictionnaire politique. A-t-il vraiment abandonné cette exigence, lui qui jurait, il y a une année, « qu?il n?y aurait pas d?amitié de cannibale ! » ? Si tel est le cas, il devra s?expliquer devant le peuple algérien qu?il a mis en ordre de bataille pour aller en guerre verbale contre la France. Ce grand virage discursif n?a bien sûr pas échappé à l?agence AFP qui a souligné le fait que Bouteflika n?ait pas réitéré sa demande pour la repentance. Une fois n?est pas coutume, le Président s?est montré très pondéré en notant que « cette situation ne pourrait être dépassée que dans un climat de confiance fondée sur des valeurs universelles de liberté et de respect, sans lequel toute approche audacieuse des rapports bilatéraux et des équilibres régionaux risque de s?enliser dans de vaines résurgences du passé colonial ». On efface tout et... On voit bien que Bouteflika a sifflé la fin des hostilités avec la France en adoptant un ton plus mesuré, mais surtout réaliste qui tienne compte des intérêts mutuels des deux pays. Il ne veut manifestement plus remuer le couteau dans la plaie bien que ce soit les Français qui l?ont cherché via la scandaleuse loi du 23 février 2003 glorifiant la présence coloniale en Afrique du Nord. Il faut noter qu?il n?a jamais été question pour l?Algérie de demander officiellement à la France de s?excuser sur ses méfaits avant cette loi scélérate. Ce fut une réaction de dépit ? très en retard du reste ? que les dirigeants de l?Hexagone, y compris « l?ami Chirac », ont poliment déclinée. Et cette exigence est d?autant plus désuète aujourd?hui avec Nicolas Sarkozy à la tête de l?Elysée. Ce dernier n?a pas attendu son intronisation pour signifier son « il n?est pas question ! ». Il faudrait donc sans doute faire le parallèle entre les déclarations du nouveau chef de la France et la marche arrière du président Bouteflika sur la question. Ce dernier semble avoir compris qu?il est inutile d?attendre un geste de Sarkozy qu?il n?a pu avoir avec Chirac. Et au lieu de faire la guerre et alimenter la polémique, il a préféré détendre l?atmosphère pour reconstruire autrement l?amitié algéro-française en évitant les sujets qui fâchent. Le fait que Bouteflika ait été parmi les premiers chefs d?Etat à féliciter Sarkozy après son élection est en soi un message politique important. Une sorte de pacte de non-agression semble en voie d?être signé entre Paris et Alger. « Cette situation ne pourrait être dépassée que dans un climat de confiance fondé sur des valeurs universelles de liberté et de respect, sans lequel toute approche audacieuse de nos rapports bilatéraux et des équilibres régionaux risque de s?enliser dans de vaines résurgences du passé colonial. » Cette conclusion du président Bouteflika pose clairement les jalons des rapports futurs de l?Algérie officielle avec la France. Et dans cette démarche de reconquête politique, il n?y a point de place à la repentance et aux excuses. Cela relèvera de l?histoire ancienne?


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