Commémoration de la mort du martyr Badji Mokhtar Le récit d'un grand sacrifice

Publié le 22.11.2023 dans le Quotidien l’Expression

L'Algérie a commémoré, hier, le 69ème anniversaire de la mort du chahid Badji Mokhtar.

Ce grand militant qui faisait partie du groupe historique des 22 à l'origine du déclenchement de la révolution libératrice, ne croyait nullement à la voie médiane, surtout quand cette route est pavée d'impostures et de contre-vérités cultivées par les tenants du colonialisme et ses succédanés. Le fils d'Annaba, qui a vu sa jeunesse se forger à travers les ruelles de Souk Ahras et de ses villages, perchés sur les montagnes qui entouraient la petite ville coloniale, avait compris très vite que le colonialisme de peuplement ne pouvait connaître une évolution positive et heureuse pour les colonisés, si ce n'est d'utiliser les moyens les plus violents et spectaculaires pour l'achever et en finir avec sa spirale destructrice. C'est cela Badji Mokhtar, un militant qui a compris que le changement révolutionnaire n'est possible qu'à travers une insurrection armée en mesure de déboulonner le système colonial et son ordre abject et injuste. Il est tombé au champ d'honneur le 19 novembre 1954. Cette lutte pour la libération du pays et le recouvrement de sa souveraineté, montre, on ne peut mieux, que Badji Mokhtar fut parmi les rares révolutionnaires qui ont décidé de prendre les armes contre une force coloniale des plus puissantes à cette époque. Il est mort au combat très tôt, c'est-à-dire durant les 19 jours qui ont suivi le déclenchement de l'insurrection armée dont le 1er Novembre 1954 fut la date phare. Badji Mokhtar est reconnu pour ses hauts faits d'armes au début de la Guerre de Libération nationale. Il était connu aussi pour son courage et son engagement. Cette conviction, dure comme fer, l'avait amené à une première opération de grande envergure sur le plan militaire, à savoir faire exploser les ponts qui reliaient Guelma à Souk Ahras, à travers ses villes névralgiques et stratégiques. Badji Mokhtar a fait partie de l'Organisation spéciale l'(OS) en 1947. Il faisait partie d'un groupe chargé de mener les opérations et des attaques armées contre les intérêts du colonialisme français.
Cet infatigable militant avait initié avec d'autres figures historiques, le Comité révolutionnaire pour l'unité et l'action (CRUA). Il a également montré un courage sans faille avec son groupe, face à l'armée coloniale en menant des opérations de minage des ponts et les attaques contre la mine de Djebel El Bernous. Ces opérations ont donné une force aux moudjahidine qui ont déclenché l'insurrection armée le 1er Novembre 1954. De 1919 à 1954, la vie de Badji Mokhtar était consacrée à l'engagement pour la libération du pays et le recouvrement de l'indépendance nationale. Il n'a vécu que 35 ans, mais les hauts faits, dont a fait preuve cet homme aux convictions inébranlables, montrent que l'âge n'est rien face aux grandes oeuvres et actions dont l'humain est capable. Une révolution n'est pas un jeu d'enfant, c'est une dure épreuve faite de sacrifices, de douleurs et de combat sans faille pour faire aboutir et concrétiser une cause juste et noble, comme celle de l'Algérie face à l'armée coloniale et ses alliés. Badji Mokhtar a suivi la direction dictée par l'histoire, un sens dont l'instinct révolutionnaire a sa part de raison d'être et de présence. Il a consacré toute sa jeunesse à un idéal de voir l'Algérie se libérer de l'ordre colonial des plus barbares et abjects. Aujourd'hui, les générations actuelles et futures doivent s'abreuver de l'héritage et du legs fait par le martyr Badji Mokhtar et ses compagnons, afin de préserver la patrie et la défendre farouchement contre toute menace visant la souveraineté du pays et son indépendance, chèrement acquise.
Le grand sacrifice de Badji Mokhtar et de tous les martyrs de la révolution doit inspirer la jeunesse algérienne à même de se proposer comme prolongement de nos vaillants martyrs, dans le cadre de la construction, la consolidation de l'État national et le renforcement de son unité.
Hocine NEFFAH