Il n'y avait pas d'officiels, ni de députés encore moins une cérémonie pour celui qui avait tout abandonné pour l'Algérie.
Durant 20 ans, jour pour jour, à 11h42, quelques humbles hommes se recueillaient fidèlement sur le lieu même où, à la même heure, avait été assassiné le regretté Mohamed Boudiaf, un des révolutionnaires de la première heure pour l'indépendance du pays et président du Haut Comité d'Etat (HCE). Comme d'habitude, il n'y avait pas d'officiels, ni de députés encore moins une cérémonie pour celui qui avait tout abandonné pour l'Algérie. Il y avait, par conséquent, Me Hchaïchia Hmaïda, Me Khaldi membres fondateurs de la fondation Mohamed Boudiaf et des journalistes, dont Maâmar Farah, qui, en l'absence et l'indifférence de l'Etat, ont tenu à rappeler, pour que nul n'oublie : «Mohamed Boudiaf président avait été assassiné en ce lieu. Et nous commérerons aujourd'hui (hier) l'assassinat de ce grand chahid clandestinement, en l'absence des autorités locales. Nous sommes là pour témoigner de la grandeur de celui qui a été tué pour sa patrie.» Vingt ans déjà, lorsque Mohamed Boudiaf avait été appelé, clandestinement, par ses compagnons de lutte, pour sauver l'Algérie des mains de ceux que seuls l'argent et le pouvoir intéressaient.
Indifférence de l'état
Il était venu pour leur tendre la main et les appeler à la réconciliation. Il était venu avec l'espoir de donner au peuple algérien une réponse définitive à sa célèbre interrogation «Où va l'Algérie '». Ses discours, ses déclarations politiques et son jusqu'auboutisme à ouvrir des dossiers épineux, notamment ceux ayant trait à la corruption et aux passe-droits et sa détermination à traduire devant la justice les auteurs, avaient laissé espérer en une Algérie meilleure. Sa visite de travail à Annaba avait été annoncée pour le 29 juin 1992.
Le Palais de la culture, où Mohamed Boudiaf devait se rendre dès son arrivée et y mourir, était pavoisé de ses portraits et de centaines d'emblèmes nationaux. Imperméable, le lieu était quadrillé par plusieurs rangs de policiers en uniforme, où il était pratiquement impossible à quiconque d'accéder au Palais de la culture, hormis les invités badgés.
A 11h35, Mohamed Boudiaf entama son discours. 11h 40, un léger bruit interrompit le discours du chahid. Il tourna son regard et s'inquiéta de ce qui se passait derrière lui. 11h41, une soudaine explosion précéda l'irruption de celui qui allait l'assassiner, une minute après. C'était son bourreau, le lieutenant Boumaârafi en uniforme bleu. Imperturbablement, il tira à bout portant plusieurs balles, les logeant dans la tête de Mohamed Boudiaf avant de vider son chargeur dans les décors. Mohamed Boudiaf venait d'être assassiné. Sa tête sanguinolente gisait sur la scène où il avait martelé auparavant l'évidence d'aller jusqu'au bout pour redresser l'Algérie. Vingt ans après, les Algériens sont encore dans l'attente de la vérité sur cet assassinat qui n'a pas livré tous ses secrets. C'est toujours avec cette même interrogation à l'esprit que ceux qui, hier, ont déposé une gerbe de fleurs devant la stèle du défunt Mohamed Boudiaf au Palais de la culture de Annaba, baptisé en son nom.
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Posté Le : 30/06/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Gaidi Mohamed Faouzi
Source : www.elwatan.com