Publié le 15.06.2023 dans le Quotidien d’Oran
par Mustapha Benmouna*
Est-ce qu'on n'est pas en train de préparer une petite révolution dans l'enseignement supérieur en Algérie ? Tout indique que l'année 2024 sera une année charnière pour ce secteur et les indices sont nombreux. Bien que le mot réforme n'ait pas été explicitement évoqué, il s'agit bien d'une profonde réforme en l'air avec les assises de l'enseignement supérieur prévues en novembre prochain. La jonction d'un diplôme universitaire à une start-up montre la façon dont les autorités du pays comptent résoudre la problématique du rapport université-entreprise, en même temps que celle de l'emploi des diplômés, du moins en partie. La dissémination de pôles d'excellence à travers le pays à l'image du technopôle de Sidi Abdallah, montre la démarche adoptée pour rehausser la recherche scientifique et l'innovation technologique aux normes internationales. Il y a là une volonté forte d'implication de la diaspora, une façon de juguler la fuite de cerveaux en rendant le pays attractif aux hautes compétences. La généralisation de l'anglais comme langue d'enseignement dans le supérieur est une ouverture majeure sur l'extérieur et une mesure phare pour donner de la visibilité à l'université algérienne, à l'internationale. Une petite révolution est peut-être en cours et la confirmation ne tardera pas à venir. Nous le saurons probablement dans les deux ou trois années à venir, car les conséquences des mesures prises aujourd'hui seront certainement visibles sur le niveau des universités algériennes, à travers leur progression dans le classement mondial. Ce serait effectivement une révolution si ces changements engendraient une montée rapide et significative dans ce classement. Une révolution est souvent alimentée par des rêves et le rêve dans le cas présent est d'être dans les premiers cents dans un futur pas très lointain, disons à l'horizon 2030.
Mais pour les esprits sceptiques, une première réflexion est de dire, voilà encore une parmi les nombreuses réformes qu'a connues l'Algérie depuis l'indépendance. En effet, le parcours de notre pays est jonché d'expériences de tous genres, beaucoup d'idées, de réalisations, d'échecs et à la fin quelque chose de consistant, pas tout à fait négatif en sort. En comparant la situation actuelle du pays à celle qui prévalait en 1962, l'on se rend compte du long chemin parcouru, qui est loin d'avoir été un fleuve tranquille. Mettre en place les institutions de base pour le fonctionnement d'un Etat, dans tous les domaines, n'est pas une mince affaire. Créer une administration, brutalement vidée par l'occupant, sur tout le territoire national est une tâche gigantesque. La justice, la sécurité, l'éducation, l'enseignement supérieur ont été des chantiers lancés dès la proclamation de l'indépendance, par des gens dont le seul bagage était le patriotisme et le sacrifice pour le bien du pays. En même temps, la lutte pour le développement a été menée sur tous les fronts, notamment celui de l'agriculture pour assurer la sécurité alimentaire, fondement de la souveraineté, celui de l'industrie pour valoriser les ressources du sous-sol, celui des services comme le transport, les finances, le logement, le tourisme pour offrir une vie décente au citoyen, etc. Tout cela était fait dans un contexte international difficile, parfois menaçant. La révolution agraire était une expérience enrichissante bien que non concluante, parce qu'elle ne prenait pas en compte les données sociologiques du pays qui ne permettaient pas de copier littéralement des expériences venant d'ailleurs, tentées dans des conditions différentes. L'industrialisation n'était pas non plus une réussite totale, parce qu'elle nécessitait un savoir-faire qui n'était pas alors disponible. L'éducation obligatoire jusqu'à un certain âge, les soins gratuits pour tous avaient constitué de grands chantiers pour éradiquer l'analphabétisme voulu par le colonialisme, assurer la gratuité de l'éducation et la santé pour tous, un grand défi presque unique au monde avec un bilan pas aussi sombre que certains essaient de le faire croire. Certes, ce n'était pas un succès total partout, et on aurait pu beaucoup mieux faire, mais cette observation est valable pour toutes les sociétés quels que soient leurs niveaux de développement et, tout compte fait, la perfection n'est pas de ce monde. Le système algérien, à travers son histoire relativement récente, est caractérisé par cette attitude chez les gens de vouloir toujours foncer droit au but, nonobstant les difficultés, avec des erreurs d'appréciation, des gaspillages dans les efforts et les moyens mais quelque chose de bon en sort, grâce à un dynamisme constant dans l'action et une volonté d'avancer inébranlable. Mais cela fait partie du passé et l'on doit maintenant adopter une autre attitude, les conditions ayant changé, en exploitant au mieux les leçons des expériences vécues, notre potentiel en ressources humaines ainsi que les infrastructures et les richesses naturelles disponibles.
La formation, en général, l'enseignement supérieur, en particulier, ont toujours été au premier rang des préoccupations des responsables au plus haut niveau. En 1962, une seule université, celle d'Alger, accueillait quelques dizaines d'étudiants algériens et une poignée d'enseignants algériens. A peine, trois ans après, des centres universitaires commençaient à voir le jour un peu partout dans le pays, d'abord Oran et Constantine en 1965 puis dans d'autres régions dont Tlemcen qui a vu naître l'embryon de la future université, le centre universitaire, en octobre 1974. On compte en 2023, plus d'une demi-centaine d'universités frôlant les deux millions d'étudiants, à peu près un universitaire sur vingt quatre habitants. C'est un véritable bond en avant et une assise pour construire une nouvelle université jugée, non pas sur des chiffres mais sur la qualité des prestations, sur l'innovation et l'excellence, une université du futur capable de se placer aux premiers rangs parmi des universités prestigieuses du monde. Il faut cependant se mettre sur la bonne voie et réussir la bataille de la qualité qui est très exigeante en efforts et nécessite une bonne vision, prenant en compte les expériences du passé afin d'éviter les mêmes erreurs. Pour avancer, il est nécessaire d'identifier les sources de blocages et méditer sur le pourquoi des échecs. La politique adoptée pendant les trois décennies, soixante, soixante dix et quatre vingt, était centrée sur une formation massive et la mise en place d'infrastructures de grande envergure. Des boursiers algériens étaient envoyés un peu partout dans le monde (USA, Europe, ex-Union soviétique, etc.). Tous les ministères avaient des programmes de formation et pas seulement celui de l'enseignement supérieur, les sociétés nationales offraient des bourses de formation surtout au niveau ingénieur, en plus de cycles de stages dans les entreprises étrangères et les institutions internationales (Banque mondiale, UNESCO, etc.). Cependant, ces efforts n'ont pas donné les résultats escomptés car beaucoup de diplômés de haute compétence au niveau d'ingéniorat mais surtout au niveau de doctorat ont choisi d'exercer leur savoir-faire, acquis aux frais de l'Etat algérien, à l'étranger. Manifestement, la stratégie adoptée n'était pas la bonne, au contraire, l'Algérie finançait des formations pour d'autres pays, bien plus nantis qu'elle. Quelle ironie et quel gâchis ? On peut se consoler et dire que cette élite restée à l'étranger forme une diaspora utile pour l'Algérie. Il faut se convaincre que la seule issue pour notre pays, la seule clé pour ouvrir la voie de l'excellence est de rendre le système algérien, dans toutes ses dimensions (éducation, université, économie, gouvernance), attractif aux hautes compétences dans un contexte international très compétitif. On doit compter sur nos propres moyens et renforcer les ressources existantes dans le pays à travers une vision intégrée impliquant tous les secteurs et où l'élite universitaire nationale se place à l'avant-garde. La diaspora peut servir de passerelle pour faciliter et équilibrer les échanges avec les grandes institutions dans le monde.
La réforme en cours semble privilégier l'approche qualitative à celle basée sur une arithmétique de chiffres qui prévalait jusqu'à un passé récent. Il est cependant vrai que sur le plan quantitatif, les indicateurs sont généralement au vert. La question maintenant est de scruter de près l'aspect qualitatif et de s'assurer que les efforts consentis par l'Etat donnent pleinement leurs fruits. Pour l'université, il y a urgence à développer une stratégie globale où la formation de hautes compétences dans la recherche et l'innovation technologique a un impact direct sur l'économie et la production de richesse. Toutes les tentatives de changement au mieux doivent être encouragées, avec une bonne dose d'optimisme en l'avenir et de confiance accordée aux responsables à qui cette lourde tâche est confiée. Pour baliser le chemin à la prise de décision, les citoyens sont appelés à exprimer leur point de vue, chacun selon son expérience et ses qualifications et la présente contribution s'inscrit dans cet ordre d'idée.
Quelles sont les actions menées actuellement par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et quelle lecture faut-il leur donner ? Y a-t-il une vision claire à long terme et une cohérence dans ces actions ? Pour tenter de répondre à ces questions, prenons d'abord l'exemple des assises de l'enseignement supérieur et de sa modernisation prévues aux mois de novembre 2023 et dont la préparation a déjà commencé par un débat impliquant tous les enseignants. Ceux-ci sont conviés, à travers un questionnaire exhaustif, à exprimer leur point de vue sur différentes questions et faire des suggestions permettant d'élaborer une stratégie à plus ou moins long terme. L'ambition des responsables au plus haut niveau est de répondre aux attentes de la société dans son ensemble en faisant de l'université l'élément clé dans l'orientation du pays vers l'économie du savoir et le progrès. L'autre projet phare est celui de la numérisation avec le lancement du programme de quarante six plateformes, quarante quatre d'entre elles ont un lien avec la pédagogie et la recherche, et les quatre autres sont dédiées aux œuvres universitaires. L'objectif de ces plateformes est de rehausser le niveau de formation, améliorer les conditions de vie des étudiants et promouvoir la visibilité de l'université à l'international. Il s'agit là d'une excellente initiative pour rattraper le retard dans ce domaine car l'accès facile à l'information fiable est bénéfique à tout le monde et en premier lieu à l'étudiant qui souffre le plus du manque d'informations et qui a tendance à puiser dans les rumeurs, véhiculant parfois de fausses nouvelles. La numérisation de l'enseignement supérieur permet un gain de temps considérable et une meilleure efficacité dans les efforts déployés, en plus de la possibilité d'échanges directs entre étudiants, enseignants et responsables de l'administration. Elle donne une meilleure visibilité à l'université dans son ensemble et favorise l'établissement d'un climat de confiance et de respect mutuel entre les différentes composantes de la communauté, très bénéfique à l'image de l'institution. Ce n'est que le début du processus qui doit s'intensifier avec professionnalisme à la mesure des besoins énormes dans les domaines de l'information et de la communication universitaires. L'autre action majeure entreprise par le ministère est de promouvoir la mise en place de pôles d'excellence dans différentes régions du pays. En plus de l'objectif final d'élever le niveau de la recherche scientifique et de l'innovation technologique aux normes internationales, il y a là une volonté forte d'impliquer la diaspora au processus national de développement. Ces pôles d'excellence devront aider à l'arrimage de la formation universitaire et de la recherche scientifique au monde socioéconomique. Plusieurs pôles d'excellence sont envisagés, centrés sur les objectifs stratégiques de développement durable du pays comme la transition énergétique (électricité solaire, hydrogène vert), l'agroalimentaire (éco-agriculture, sécurité alimentaire, OGM), l'eau (dessalement de l'eau, traitement des eaux usées), la valorisation des ressources du sous-sol (polymères, terres rares, fer, phosphates), la santé (industries pharmaceutiques, biotechnologies, infrastructures hospitalières), la gestion des catastrophes naturelles (séismes, inondations, incendies). Pour être efficace, le nombre de pôles d'excellence doit atteindre une masse critique dans une démarche globale, cohérente sur le long terme. Au plan national, de nombreuses universités peuvent être érigées en pôles d'excellence, centrés sur leurs points forts en termes de ressources humaines, infrastructures disponibles et plans de développement de la région. La jonction entre start-up et diplôme vise à aiguiser l'esprit d'initiative chez l'étudiant et l'aider à se prendre en charge et entrer dans la vie active dans les meilleures conditions possibles. Sur un autre chapitre, la généralisation de l'anglais comme langue d'enseignement dans le supérieur est une décision qui semble irrévocable, son implémentation a déjà commencé à l'université et l'anglais a été introduit dès la troisième année du cycle primaire. Dans l'état actuel des choses, les sciences physiques et chimiques, les mathématiques, l'informatique, la technologie et à moindre degré les sciences de la nature et du vivant constituent les domaines où la généralisation de l'anglais dans l'enseignement est possible assez rapidement. Ces domaines sont déjà suffisamment imprégnés par l'anglais et le niveau de maîtrise exigé n'est pas très élevé laissant le temps à un perfectionnement graduel. Par contre, les autres domaines comme le droit, l'économie, les sciences humaines et la médecine exigent un niveau plus élevé de maîtrise de l'anglais et donc un programme intensif d'apprentissage de la langue est nécessaire pour permettre une transition sans impact négatif sur la qualité de la formation. Il serait judicieux d'impliquer massivement le secteur privé dans cette campagne d'apprentissage de l'anglais en permettant la création de nombreuses écoles spécialisées agréées par l'Etat et ayant les capacités requises (statut officiel, contrôle de qualité, etc.). Dans une tentative louable de résoudre le problème du chômage des diplômés, le ministère s'apprête à procéder à un recrutement massif des titulaires de magister et de doctorat. C'est une excellente initiative car on ne peut jamais répéter assez qu'il y a trop de chômeurs parmi les diplômés de l'enseignement supérieur. Cette tendance ne peut pas se maintenir longtemps car une université qui forme des chômeurs n'est pas viable à long terme. Mais la responsabilité dans cette situation est partagée par le reste de la société qui n'arrive pas à profiter des hautes compétences formées aux frais du Trésor public. Le recrutement massif prévu cette année est favorisé par la mise à la retraite de beaucoup d'enseignants ayant atteint ou dépassé l'âge de soixante dix ans, mais ces conditions ne se renouvellent pas chaque année et l'université ne peut pas former exclusivement pour elle-même.
Toutes les actions menées par le ministère de l'enseignement supérieur et citées ici sont louables mais est-ce qu'il y a un fil conducteur entre elles, porteur d'une vision sur le long terme et une adéquation avec la réalité du terrain. Comme l'un des buts ultimes est de placer l'université algérienne parmi l'élite dans le monde, l'on serait tenté de s'inspirer de l'écosystème des universités américaines qui se trouvent systématiquement au top classement à tous les sondages. Certaines universités comme Harvard, Princeton ou Stanford ont dans leurs corps enseignants des sommités scientifiques dont des lauréats du prix Nobel. Elles jouissent d'une autonomie financière provenant essentiellement des étudiants (frais d'inscription) et de diverses contributions (entreprises industrielles, organismes de recherche, dons, etc.) pour le fonctionnement et la conduite de gros projets de recherche. Il ne faut cependant pas perdre de vue que ces universités sont portées au top classement grâce uniquement à leurs domaines de force, sachant que dans beaucoup d'autres domaines, leurs activités sont presque au même niveau que des universités nettement moins connues. Ainsi, à part le prestige du titre, un master ou un doctorat de chimie obtenu à l'université de Tulane (Nouvelle Orléans, USA) peut être du même niveau du point de vue de la formation que le diplôme équivalent acquis au MIT (Boston, USA) par exemple, ou à CALTECH (Los Angeles, USA). Harvard, pendant longtemps classée première université au monde, excelle en droit, en économie, en médecine mais dans d'autres domaines, elle offre une formation comparable à beaucoup d'autres universités comme Michigan (Ann Arbor) par exemple. Certaines universités réussissent à mettre en valeur leurs points forts et maintenir leur label intact pendant des années. Nous pouvons suivre leur exemple en identifiant nos points forts selon la qualité de nos ressources humaines et l'importance de nos infrastructures opérationnelles. En promouvant la rigueur, la précision et la performance dans toutes les tâches, en joignant nos efforts dans le cadre de réseaux d'équipes à compétences complémentaires et en faisant montre de persévérance, nous pouvons atteindre nos objectifs et réaliser nos ambitions dans le classement mondial des universités. Il y a un réel espoir actuellement à travers l'émergence de pôles d'excellence (technopôles, cyber-parcs, etc.) autour d'un bon nombre d'universités, notamment au Sud, dont certaines entament une entrée remarquable dans le schéma national de l'aménagement du territoire. Un exemple récent vient de l'université d'Ouargla qui est pressentie comme pôle d'excellence dans l'agriculture saharienne. Dans le même sillage, une formation professionnelle d'excellence est prévue dans le domaine des énergies renouvelables à Khenchela. D'autres villes comme Ghardaïa, Msila, Adrar et Tamanrasset sont aussi engagées dans cette course, ce qui veut dire qu'il y a une nouvelle donne dans la distribution des pôles d'excellence en Algérie où l'exclusivité n'est plus du ressort des grandes universités du Nord comme pour un passé récent. Des universités considérées jadis comme jeunes commencent à prendre de la maturité en entrant pleinement dans la concurrence.
Etant une partie intégrante de la société, l'université ne peut faire sa mue toute seule, elle doit se transformer en harmonie avec les autres secteurs, notamment socioéconomique et culturel. Pour réussir la transition vers l'approche qualitative dans le développement, il faut agir simultanément sur tous les fronts. Le système éducatif est à remodeler dans son ensemble, il est le pourvoyeur du leadership dans la direction des affaires du pays. Dans la composition du gouvernement, pas moins de quatre départements ministériels sont concernés : éducation nationale ; enseignement supérieur ; formation professionnelle ; économie du savoir et des start-up. Il est donc fondamental d'établir une concertation étroite entre ces départements car la réforme doit toucher l'ensemble du système d'une façon harmonieuse, en particulier ceux de l'éducation et de l'enseignement supérieur, dans un processus évolutif permettant à l'étudiant d'aborder l'université avec sérénité et être mieux armé pour entrer dans une vie professionnelle enrichissante. En parallèle, le tissu économique dans toutes ses composantes (agriculture, industrie, services) doit suivre l'évolution sociétale et les progrès technologiques. La nouvelle politique économique adoptée par les autorités montre des prémisses dans ce sens. En agriculture, la politique vise à assurer l'autosuffisance alimentaire qui semble être à portée de main en assurant une bonne utilisation des riches terres du Nord et en exploitant efficacement les vastes étendues du Sud. Une revitalisation agricole du Sahara est possible moyennant la maîtrise des techniques d'extraction et de traitement des grandes réserves d'eau dans son sous-sol. L'agriculture doit être modernisée en apportant un savoir-faire technique et scientifique et en exploitant les technologies innovantes pour atteindre une rentabilité optimale (recours aux drones, lutte contre les maladies des plantes, etc.). Pour ce qui est de l'industrie, les grandes filières sont tournées vers la valorisation des ressources en hydrocarbures (pétrole, gaz naturel) et minières (fer, phosphates, terres rares, etc.). La production d'hydrogène (gris) à partir du méthane permettra de valoriser les ressources de gaz naturel, celle de l'hydrogène vert peut se faire en couplant le dessalement et l'hydrolyse de l'eau à l'aide des énergies propres. La nappe de l'Albien au Sahara étant la plus grande réserve d'eau souterraine au monde ouvre des perspectives dans ce sens et les experts peuvent nous renseigner si du point de vue économique, il sera envisageable de procéder dans un proche avenir, au dessalement et à l'hydrolyse de cette eau utilisant l'électricité solaire photovoltaïque. Les récents projets structurants avec l'Italie, qui sert de porte d'entrée vers l'Europe est un indicateur probant de la stratégie algérienne dans ce domaine. La France et l'Espagne représentent d'autres portes d'entrée vers l'Europe malgré les vicissitudes de l'histoire et des aléas d'alliances géopolitiques. L'exploitation en progression rapide du gisement de fer de Gara Djebilet montre l'orientation vers une industrie métallurgique de grande envergure appuyée par un développement d'infrastructures de transport de toutes sortes (routier, ferroviaire et maritime) pour permettre à l'Algérie d'être un nœud d'échanges entre l'Afrique et l'Europe et une voie de transit intercontinental favorisant la nouvelle dynamique économique. Beaucoup d'autres ressources sont en ligne de mire pour une activité industrielle digne d'un pays émergent. L'or, l'uranium, les terres rares sont des matières dont regorge le sous-sol algérien ouvrant de grandes perspectives pour l'installation de nouvelles technologies dans des délais rapides moyennant une stratégie globale intégrée soutenue par une économie du savoir et de la connaissance. La transition vers une démarche privilégiant la qualité consiste à impliquer massivement le secteur privé national et étranger en ouvrant la voie de l'investissement dans tous les domaines hormis ceux considérés comme stratégiques et relevant de la souveraineté. De toute évidence, l'Etat ne peut pas tout faire dans tous les domaines, financer tout, gérer tout, il faut alors bien définir les domaines où l'Etat est seul acteur et ouvrir les autres au secteur privé. Pour cela, les règles du jeu doivent être claires, transparentes afin d'instaurer la confiance et préserver les droits. Le côté législatif a une importance particulière puisque les intervenants doivent connaître la législation du pays en la matière, être conscients de leurs choix et pouvoir exercer leurs droits pleinement. L'Algérie est un pays attractif de par sa position géostratégique (Europe, Afrique, monde arabe, Méditerranée) et possède tous les éléments pour attirer l'investissement étranger dans l'esprit gagnant-gagnant. Une population jeune, dynamique en pleine croissance (46 millions en 2023, 56 millions à l'horizon 2030) constitue un atout et non un fardeau. Une immensité de territoire (le plus grand pays en Afrique par sa superficie) qui regorge de richesses de toutes sortes, a de quoi attirer massivement les capitaux étrangers et privés. La seule chose à exiger de l'investisseur étranger est le transfert de savoir-faire (connaissances) et l'apport de capitaux, il doit trouver sur place des infrastructures performantes, une main-d'œuvre qualifiée et abondante et des matières premières en quantités suffisantes. C'est donc dans un contexte plutôt favorable que la réforme de l'enseignement supérieur est envisagée et peut-être une petite révolution est en gestation dans la modernisation de l'université algérienne.
*Professeur de physique (retraité)
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Posté Le : 17/06/2023
Posté par : rachids