Algérie

Comme une lettre à la poste, dites-vous ' Edito : les autres articles



Comme une lettre à la poste, dites-vous ' Edito : les autres articles
L'expression est synonyme de fluidité, de rapidité, de simplicité. L'acheminement du courrier en Algérie est tout sauf cela. Une lettre à la poste risque, une fois sur deux, de se perdre dans les méandres d'un circuit de distribution non maîtrisé. Souvent, il faut compter un mois pour qu'une facture de téléphone ou relevé de compte courant postal ne parvienne à l'usager. Assurément, diront les nostalgiques, la poste algérienne n'est plus ce qu'elle était, ou plutôt, pour les plus réalistes, elle n'est pas ce qu'elle devrait être. En effet, il suffit de se rendre dans le premier bureau de poste du quartier pour constater, d'emblée, l'état de sous-équipement et l'archaïsme avec lequel fonctionne cette administration.
A l'heure du tout numérique, dont on se gaussait il n'y pas si longtemps au niveau de l'Etat en invoquant les nouvelles technologies de communication qui devaient, disait-on, bouleverser les relations avec les usagers que nous sommes, au guichet de la poste, on en est encore au stylo et aux tampons de couleurs et de formes différentes, vestiges d'une bureaucratie toujours tatillonne et sclérosante, bannie ailleurs mais toujours présente chez nous. Pourtant, ce ne sont pas les moyens ' financiers ' de l'Etat qui manquent pour doter la poste algérienne de compétence et d'efficacité, et aussi des technologies qui lui font défaut actuellement.
L'état de sous-développement et d'indigence dans lequel sont plongés les postiers, souvent animés de bonne volonté et longtemps ignorés en dépit de leur abnégation et de leur attachement au service public ' il aura fallu une grève pour qu'on veuille enfin se pencher sur leur situation sociale ' ne fait qu'accentuer le marasme. Les conséquences sont parfois insupportables pour les usagers qui attendent les fins de mois, comme le sont par exemple les ruptures de stocks de carnets de chèques, le manque de liquidités dans les guichets. Dramatique pour ces retraités qui ne savent plus quoi faire, devant ces distributeurs de billets de la poste de leur quartier tombés en panne, pour pouvoir retirer leur pension'
Face à ces distorsions, à ces aberrations, rien n'est sans doute plus facile que de s'en prendre à ces chauffeurs de taxi ou de bus auxquels on a tous fait appel en échange de 200 ou 300 DA quand il s'agit de faire parvenir rapidement du courrier sur des distances plus ou moins longues. C'est parce que la poste est en quelque sorte défaillante dans l'acheminement et la distribution du courrier que particuliers et entreprises ont recours à ces expédients. La question qu'on devrait poser aux décideurs est celle-ci : pourquoi partout ailleurs, les postes ont su, à l'heure de la mondialisation et de la numérisation, s'adapter et monter des multinationales de distribution de courrier, dotées de flottes d'avions, de camions et de trains, celle de l'Algérie aux 200 milliards de dollars de réserves de change, ne pourrait pas s'acquitter de sa mission de manière plus efficace ' On verrait alors l'usager revenir vers elle.


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