Algérie

Comme si cela datait d'hier



L'Algérie célèbre le soixantième anniversaire du lâche assassinat du grand écrivain, Mouloud Feraoun, par l'Organisation de l'armée secrète (OAS), un certain 15 mars 1962.Les Algériens qui se sont familiarisés avec les oeuvres de l'enfant de Tizi Hibel, savent très bien ce que procurent les mots imagés et les dissertations sculptées par ce grand écrivain algérien.
Le «Fils du pauvre», un roman dont la profondeur dramatique et le sens de la création ne rate pas sa cible quant au vécu colonial d'un instituteur venant du clan de «Takheroubt» pour pénétrer le monde des colons et de leur mode de vie aux antipodes de ses frères et les enfants qui croupissent sous les affres du Code de l'indigénat et la misère imposée par une longue nuit coloniale. La disparition tragique de Mouloud Feraoun a apporté encore une fois la preuve que les ultras incarnés par les disciples de l'Algérie française, ne reculaient devant aucune morale ou éthique pour faire taire les voix dont la cause de l'indépendance et de l'humanisme sont des valeurs imprescriptibles, dans le grand combat que livre l'humanité entière pour leur concrétisation. Tel était Mouloud Feraoun, un instituteur, un écrivain et un homme concerné par la condition dans laquelle se trouvait le peuple algérien durant l'époque coloniale des plus dramatiques. Il a su se positionner dans le sens de l'histoire, à travers ses oeuvres et ses chroniques, avec un style et une profondeur qui ont provoqué de la jalousie de la part des Français aux relents colonialistes avérés à travers leurs écrits et oeuvres qui dégagent la haine des autochtones et le déni historique et civilisationnel de ce qu'ils nommaient abusivement et d'une manière arrogante, l'«Autre». Feraoun subissait l'omerta de l'élite littéraire du courant qui s'appelait «Les Algérianistes», c'est-à-dire le courant qui incarnait la «doxa» qui régnait à cette époque, à propos de la création littéraire qui touche aux traditions et à la culture algérienne, mais d'une manière déformée et avec un regard colonial où l'exotisme et la fantaisie morbide constituaient la trame de fond de leur littérature. Cette «exclusion» et encerclement littéraire n'ont pas permis à Mouloud Feraoun d'aller loin dans sa quête de créativité littéraire. Même si l'écrivain Emmanuel Roblès et le prix Nobel de littérature, Albert Camus, reconnaissaient en lui le grand talent et l'envergure internationale qu'il avait en tant qu'écrivain hors normes. Le Journal est une documentation historique rare, qui raconte les années de la révolution algérienne avec des détails qui laissent le lecteur sur sa faim. C'est dire que Mouloud Feraoun savait manier le verbe et reconstituer les sens en les plaçant dans le contexte approprié pour que les lecteurs puissent construire une image et l'idée complète d'un drame. Le grand écrivain, Mouloud Feraoun, a traduit la réalité et la condition d'un peuple livré à la misère et aux supplices multiformes du colonialisme français et son imposture quant à ses «valeurs» humanistes et sa mission civilisatrice. Cette condition inhumaine, insoutenable, a permis à Mouloud Feraoun d'avoir de l'inspiration pour perpétuer à jamais les drames et les sévices vécus par le peuple algérien.
Mouloud Feraoun incarne l'espoir algérien et le génie du peuple, avide d'affirmation et de liberté. C'est cette caractéristique qui lui a coûté la vie par des balles assassines des forcenés de l'OAS qui voyaient dans les oeuvres de Feraoun un Manifeste de liberté et de dénonciation de la domination coloniale et son cortège de massacres et de destruction des civilisations.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)