Ecrite et mise en scène par Moulay Mohamed Meliani et produite par le Théâtre régional de Annaba, la pièce Le printemps des femmes est entrée dimanche en compétition dans cette 13e édition du Festival national du théâtre professionnel.Construite autour d'un personnage féminin iconique joué par la comédienne Michou, la pièce se veut un réquisitoire implacable sur la condition de la femme mais aussi une plaidoirie politique sur le chaos global qui détruit le monde d'aujourd'hui.
Entourée de personnages secondaires masculins, la femme oscille entre complaintes, implorations et révolte. Tout de blanc vêtue, Eve exprime d'abord une quête fébrile de son Adam, donnant ainsi une dimension étriquée, voire misogyne, de la quête d'émancipation chez le personnage réduite ici à une recherche de l'homme idéal comme seul horizon féminin. Priant Dieu et se lamentant sur son sort, Eve tangue entre bigoterie et désir charnel mais toujours en considérant son existence vaine sans la présence de cet homme rêvé. De redondances en monologues mélodramatiques, «Le printemps des femmes» patauge longtemps dans une espèce de misérabilisme tenace tandis que la mise en scène n'a d'autres propositions que de ponctuer les lamentations du personnage principal par des séquences chorégraphiques quasi-incrustées. Mais peu à peu, la pièce semble gagner en densité avec une écriture plus corsée même si la mise en scène demeure exsangue. On découvre alors une Eve tourmentée non pas seulement par sa propre solitude mais lacérée par les blessures du monde, hantée par ses morts et ses naufragés, obnubilée par les victimes d'une terreur passée et présente et décidée à provoquer une révolution féminine pour le Salut de tous. Le texte devient alors aussi poétique que complexe et la comédienne se donne tout entière à son rôle, dans un jeu intense, flamboyant et généreux qui éclipse la pâleur du reste. On regrettera néanmoins la longueur excessive d'une pièce qui finit par s'essouffler vingt minutes avant son épilogue même si la talentueuse actrice réussit à maintenir la tension et la vigueur dramaturgique de son personnage. Ce dernier est donc l'atour principal de l'?uvre puisque les personnages principaux n'ont pas bénéficié d'une écriture aussi élaborée et s'avèrent n'être qu'une construction accessoire, sans reliefs et sans autre vocation de meubler une pièce à laquelle la formule du monodrame aurait probablement mieux réussi.
Sarah H.
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Posté Le : 25/12/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Sarah Haidar
Source : www.lesoirdalgerie.com