Algérie

Comédie et tragédie


Comédie et tragédie
"Certains nous parlent du Printemps arabe.On ne sait pas d'où provient ce moustique. Nous lui avons fermé toutes les issues, il persiste et veut s'introduire chez nous par la fenêtre. Mais avec le moubid et le fly-tox, nous nous débarrasserons de lui."...C'est ce genre de développements débridés qui, chez le Premier ministre algérien, font office d'analyse. L'effort diagnostique, à ce point paresseux, n'appelle pas de commentaire de fond. Si ce n'est qu'il semble s'adresser à un auditoire de benêts. Pourtant, Sellal s'adressait à un parterre d'étudiants, sélectionnés, pour la circonstance, par les "organisations de masse".Conjugué à l'usage d'allusions dédaigneuses envers les opposants au quatrième mandat, le ton badin que cultive le Premier ministre est significatif d'une assurance d'une "victoire" programmée de son candidat. Les deux formes d'expression ? crânerie et hâblerie ? trahissent la jubilation d'un personnel politique qui a déjà assuré la mainmise éternelle sur les institutions.Cette arrogance emballée dans l'allégorie facile et la blague futile, et dont Sellal a contaminé quelques-uns de ses ministres, eux aussi en campagne, a souvent ce malheureux résultat : le propos prétendument spirituel tourne souvent à la bourde. Mais nous nous garderons de les rappeler, parce que ces propos sont légion, parce qu'ils connaissent actuellement une audience que les idées politiques de nos dirigeants leur jalouseraient. Façon de parler car, en fait, si leurs maladresses se télescopent, leurs idées, elles, ne nous submergent point.Si l'on comprend que, faute de moyens conceptuels, nos despotes n'ont pas de leçons particulières à tirer du "Printemps arabe" ou d'autres expériences politiques nationales ou étrangères, l'on comprend, en revanche, moins cette posture suffisante qu'ils empruntent quand, de toute évidence, ils s'apprêtent à infliger au pays le plus grand préjudice politique jamais subi depuis l'invasion coloniale. Après quinze années de gestion gaspilleuse et improductive, jalonnées de scandaleuses affaires de malversation, on force la continuité de règne en retenant un Président qui n'a plus les moyens physiques, et peut-être mentaux, pour satisfaire aux obligations formelles minimales de sa fonction.Et on le fait la fleur au fusil !Les observateurs du monde entier, et les Algériens non contaminés par la doctrine du pire, sont interloqués par l'audace du choix ; il n'y a que l'escorte du Président déjà réélu qui fait la fête.Il paraît qu'il y a même un programme qui sera bientôt rendu public. On peut déjà en deviner les contours : plus de logements, plus d'emplois, plus d'autoroutes, plus de crédits, parce que plus de pétrole. Mais qui veillera à son application ' Une espèce de régence d'assesseurs prenant procuration chez l'élu 'Et, auquel cas, le fera-t-elle avec la même désinvolture que celle avec laquelle elle nous livre, chaque jour, ses prouesses communicationnelles 'Et surtout, qui assumera ' Sellal nous a déjà dit que "Bouteflika n'a pas besoin de faire campagne". Cela, nous le savions. Il aurait aussi pu ajouter qu'il n'a même pas besoin d'être élu. Mais le problème est que, tel que se présente ce quatrième mandat, ses promoteurs ont nécessairement convenu qu'il n'aurait pas, non plus, besoin de présider.M. H.musthammouche@yahoo.frNomAdresse email


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