Algérie

Combien reste-t-il de balles dans le chargeur '



Combien reste-t-il de balles dans le chargeur '
Comme on range ses chaussures après une dure journée, les récents incidents de Touggourt ont été remisés au placard. Il y a quand même eu mort d'homme, du coup, laissée en l'état, la situation, comme au M'zab, en Kabylie, à Hassi Messaoud ou toute autre région oubliée par la négociation pacifique, se complique.Des jeunes viennent tout simplement de mettre le feu à l'APC de Tebesbest à Touggourt, accentuant les lignes de fracture déjà ouvertes. De quoi passer à l'état d'urgence ou comme dans un pays normal, mettre au moins en place une cellule de crise réunissant les instances suprêmes. Mais non, la banalisation des actes de contestation violente contre les symboles de la gouvernance est venue, une fois de plus, s'agencer à la banalisation par la gouvernance elle-même de sa propre mauvaise gouvernance.Une société non cadrée s'en prenant à son Etat non géré est sûrement une conséquence de l'invisibilité, à commencer par celle du plus haut dirigeant dont le surprenant refus de prononcer quelques mots d'espoir à un peuple sans leader pourrait être de la complicité passive. Il en a ainsi été décidé, réfugié dans des bunkers médicalisés d'Alger, l'Etat ne veut plus se mêler de négociation, reléguant la gestion de la crise à la police, qui comme à Touggourt et à Tibesbest, a fait usage de ses armes à feu avec tous les risques liés à ces méthodes primaires de résolution des conflits.Il ne s'agit pas d'analyser si les habitants de Tibesbest ont eu raison de brûler l'une des articulations de la représentation de l'Etat ou s'ils sont à traiter aux anxiolytiques. Mais comme dans les films où celui qui se fait tirer dessus compte les balles en toute connaissance de la capacité du chargeur, il y a matière à s'interroger sur l'issue de cette guerre latente entre société et régime. Si on maintient l'idée de régler tous les conflits en tirant des balles, il n'y aura bientôt plus de munitions.




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