En l'absence du Parti des travailleurs, occupé à consolider ses alliances, et celle de l'UGTA, affairée à assurer d'abord ses propres salaires, le monde du travail public se retrouve projeté dans le réalisme économique, version 70 dollars le baril.
Pas d'augmentation des salaires, a juré le chef des ministres Ahmed Ouyahia en finissant son déjeuner, pendant qu'au même moment le ministre de l'Energie faisait tranquillement les comptes de l'opération vente sur pied : 45 milliards de dollars engrangés en 2005, soit l'équivalent de 450 millions de SNMG. Ce n'est bien sûr qu'un calcul subjectif puisqu'à première vue il n'y a pas de rapport entre les deux déclarations, l'argent béni du pétrole n'étant pas destiné à assurer les salaires. Mais à deuxième vue, la coïncidence des propos a de quoi énerver n'importe quel travailleur payé à 14.000 DA. Pourtant, le calcul du gouvernement est simple, à la mesure des ordres très simples reçus de la centrale du FMI : une augmentation des salaires induit une inflation qui induit un désordre général des indicateurs macroéconomiques. Le calcul est honnête sauf que les Algériens, étant irritables pendant la saison des pluies, sont susceptibles de passer à l'émeute. Dans ce cas, les pertes sociales et économiques étant plus grandes, le calcul ne tient plus. Mais qu'est-ce qui pousse les Algériens à l'émeute, se demande-t-on en haut lieu, entre deux bouchées de crevettes ' C'est ce décalage entre le possible et l'étant, entre ce que Nietzsche appelait « l'infini de son désir et le très fini de sa réalité ». Le philosophe étant mort, il reste quelqu'un qui parle trop. Soit Ouyahia arrête ses menaces sur les salaires de la peur, soit Khelil arrête de faire l'épicier content de la recette. On sait que l'Algérie gagne beaucoup d'argent. Faudrait peut-être pas trop le crier.
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Posté Le : 30/01/2006
Posté par : sofiane
Ecrit par : Chawki Amari
Source : www.elwatan.com