Algérie

Combat d'arrière-garde



Cette nouvelle course à la généralisation de la langue arabe est lancée juste au lendemain de la énième crise entre la France et l'Algérie, provoquée, faut-il le rappeler, par la sortie, pour le moins inédite, du président Emmanuel Macron.Et de trois ! Après le ministère de la Formation professionnelle et celui de la Jeunesse et des Sports qui ont appelé à la généralisation de l'utilisation de la langue arabe dans leurs administrations, le département du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale vient, lui aussi, d'enjoindre à nombre de ses cadres de n'utiliser que la langue arabe dans les documents officiels.
En effet, le secrétaire général de ce ministère, M. Lahfaya, a envoyé hier une instruction, largement partagée sur les réseaux sociaux, à plusieurs responsables de son département (l'inspecteur général, l'inspecteur général du travail, les directeurs généraux, les directeurs centraux et les directeurs de wilaya) leur ordonnant de généraliser l'utilisation de la langue arabe.
Après avoir rappelé la nécessité de l'"application des dispositions de la Constitution de l'Etat algérien, notamment l'article 3 disposant que la langue arabe est la langue nationale et officielle, mais aussi la loi n°05-91 en date du 16 janvier 1991 portant généralisation de l'utilisation de la langue arabe (...)", le secrétaire général du ministère a lancé à l'adresse de ses cadres : "Vous êtes tenus dès réception de cette instruction d'appliquer les mesures citées plus haut, à savoir l'utilisation exclusive de la langue arabe dans toutes les correspondances, les rapports, les PV de réunion et tous les documents émanant de vos directions, qu'ils soient internes ou destinés aux entreprises et administrations."
"Je vous demande aussi de donner des directives à tous vos services pour veiller à la concrétisation du contenu de cette instruction", a-t-il ajouté, en précisant : "J'accorde une importance majeure à l'exécution stricte de cette instruction et que je suis de près."
Le premier à remettre sur la table ce dossier sensible et clivant de l'arabisation est le ministre de la Jeunesse et des Sports, Abderrezak Sebgag, qui a ordonné à ses cadres de généraliser l'arabe dans les correspondances officielles, lui qui, à l'occasion de plusieurs de ses sorties publiques, ne se gênait pas pour s'exprimer... en français.
"On a fait ce qu'il fallait faire. On a juste demandé de faire usage de la langue nationale dans les correspondances officielles", a-t-il déclaré au micro de la chaîne de télévision El Bilad, au lendemain de sa décision.
Le même jour, le ministre de l'Enseignement et de la Formation professionnelle - un département presque totalement arabisé -, Yacine Merabi, a, lui aussi, donné une instruction réclamant la généralisation de la langue arabe.
Invoquant l'article 3 de la Constitution, le ministre a ordonné dans la note envoyée aux cadres de la direction centrale, aux directeurs de la formation et de l'enseignement professionnels, aux directeurs généraux, aux entreprises de soutien et enfin aux directeurs des instituts de formations et d'enseignement professionnels : "Vous êtes tenus de faire usage de la langue arabe dans le domaine de l'enseignement dispensé au niveau les centres de formation du secteur et dans toutes les correspondances émises par vos services à compter de cette date."
Les décisions de ces trois ministres sont-elles alors prises sur de simples initiatives personnelles ' Il faut dire que ni la présidence de la République ni le Premier ministère n'ont donné, officiellement du moins, une instruction dans ce sens.
Cette nouvelle course à la généralisation de la langue arabe est lancée juste au lendemain de la énième crise entre la France et l'Algérie, provoquée, faut-il le rappeler, par la sortie, pour le moins inédite, du président Emmanuel Macron.
En représailles, les autorités n'ont pas hésité à rappeler l'ambassadeur d'Algérie à Paris et à fermer le ciel algérien aux avions militaires français. À bien des égards, les sorties de ces trois ministres sonnent comme une nouvelle réplique au séisme provoqué par le président français dans le landerneau politique et médiatique algérien.
Il faut dire que les tenants du courant conservateur, adeptes de la surenchère nationaliste, ont toujours mis à profit toute crise que traversent les relations algéro-françaises pour ressortir le dossier de l'arabisation, non sans réclamer à cor et à cri l'abandon de langue de l'"ennemi d'hier".

Arab C.


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