Algérie

COLONISATION TURQUE Acceptons l'Histoire telle qu'elle s'est déroulée !



Dans la page Vox Populi de votre édition du 5 janvier 2012, a été publié l'article «Turquie ancienne…». Il commence par «Parlons histoire…» sans polémique et qualificatifs désobligeants. Il a raison, mais encore faut-il que la terminologie, la problématique, l'objectivité débarrassée de sentimentalisme soient de mise. Pour commencer, il y a lieu de bien distinguer la périodisation.
Le lecteur algérien est assez souvent perdu dans cette périodisation de notre histoire, notamment entre 647 et 1830. L'enseignement de notre histoire dans le système scolaire est responsable de ce fait. Il en résulte un amalgame et des confusions entre ce qui est le résultat d'évènements intérieurs et de faits extérieurs à la volonté des habitants du pays et subis par eux. Il est alors possible, à partir de cette périodisation, d'appliquer la terminologie objective adéquate à chacune des périodes.
Les expéditions militaires arabes
De 647, date des premières Razawât - expéditions militaires arabes - à 750/800, dates des premières autonomies gouvernementales des wullât - proconsuls, l'Algérie est une province d'abord des Ommeyyades, puis des Abbassides. L'objectivité historique stricte ne peut que constater que le pays est gouverné par des non-autochones, même s'ils sont de même foi religieuse. Les habitants de l'Algérie d'alors — à ma connaissance — n'avaient pas demandé aux troupes d'Arabie de venir porter la guerre chez eux. A moins que les archives algériennes détiennent des documents dans ce sens. Jusqu'à 970, l'Algérie orientale est une partie du pouvoir fatimide, rival et ennemi du pouvoir abbasside. Alors que l'Ouest est déjà indépendant de la khilâfa. De 970 à 1574, l'histoire de l'Algérie (et du Maghreb) est débarrassée de la TUTELLE EXTERIEURE. Les Banu Hammad (XIe/XIIe), les Murâbitûn (contemporains des précédents), les Muwahhidûn (XIe/début XIIIe), Les Banû Zayyân (XIIIe/XVIe) et les Hafsides (contemporains des précédents), sont des POUVOIRS INDEPENDANTS, gouvernés par des DYNASTIES AMAZIGHES. Au cours de ces siècles, s'est affirmée l'indépendance souveraine, politique et diplomatique de l'Algérie (et du Maghreb). De 1574 à 1830, l'histoire de l'Algérie est marquée par la tutelle de Constantinople. Elle perd sa souveraineté. La gestion de la province ottomane qu'elle est devenue est assurée par des gouverneurs sous tutelle des sultans seldjoukides. Certes, au fur et à mesure que «l'homme malade» qu'est devenu le pouvoir seldjoukide s'affaiblissait, l'autonomie de l'oudjak d'Alger devenait plus grande, mais ce n'est pas un pouvoir des Algériens dans un pays «libre». Les Algériens ne sont pas associés à la gestion de leur pays. Dans toute cette période, l'Algérie n'était, dans l'échiquier ottoman, qu'une pièce dans la lutte pour l'hégémonie dans la Méditerranée (bras de fer avec Charles Quint et autres). Elle était également un réservoir d'impôts, arrachés souvent à la force des fusils. Comme du reste dans la première période de 647 à 750/800 (guerre avec l'empire byzantin). Qu'on ne veuille réserver le terme «colonial », «colonialisme» qu'à l'invasion de notre pays par les armées de Charles X et à la «mihna/souffrance» infligée par le système français en Algérie, c'est acceptable, dans la mesure où cette terminologie est devenue un «attribut» propre à l'impérialisme français ; plus, c'est le qualificatif, devenu infamant, collé à cette période de l'histoire française. Et contre cet état de fait, le peuple algérien a combattu tout au long des 132 ans de colonisation.
Le pouvoir deylical a été combattu par les populations algériennes
Mais il n'en reste pas moins qu'il faudrait aussi appeler adéquatement une opération de destruction de souveraineté par le terme scientifique qui lui convient, même si l'opération est le fait d'un coreligionnaire. Sachant qu'aujourd'hui, en parlant du Sahara occidental, le terme de «colonisation marocaine» est bien utilisé ; pourtant Sahraouis et Marocains sont musulmans ! Et surtout, l'objectivité impose à ne rien occulter : le pouvoir deylical a été combattu par les populations algériennes; des insurrections ont éclaté. Et la répression ne fut pas celle d'enfants de chœur. Arrêtons donc de fuir la vérité. Devenons adultes. Acceptons notre histoire telle qu'elle s'est déroulée et telle que les feuilles de son livre s'étalent. Si le pouvoir exercé par les janissaires dans notre pays a commis des actions néfastes, admettons-le. L'Histoire ne doit pas absoudre les «Turcs» du fait d'être musulmans !


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