ALGER - La restitution des crânes de résistants algériens du 19ème siècle conservés au Muséum national d'histoire naturelle (MNHN) de Paris est une question "très sensible" dont le "risque" est souvent soulevé par des conservateurs de musées et des archéologues, a déclaré lundi à Alger l'ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt.
Interrogé, lors d'une rencontre-débat du quotidien "Algérie-News", sur la restitution des restes mortuaires de dizaines de résistants algériens, du début de la colonisation française, dont ceux de Chérif Boubaghla et de Cheikh Bouziane des Zaâtchas, l'ambassadeur français a répondu : "La restitution des crânes est un sujet très sensible".
Aux dires du diplomate français, ces questions divisent souvent conservateurs de musées et de patrimoine, des archéologues qui "régulièrement mettent en garde les pouvoirs publics sur le risque qu'il y a à restituer que ce soit des ossements à l'Algérie, des manuscrits coréens ou mexicains".
Sans apporter plus d'explications sur le risque que ferait courir une telle restitution, M. Driencourt a estimé que si les crânes et autres restes mortuaires d'étrangers conservés dans des musées de France devaient être restitués cela ouvrirait la voie à la "réclamation de la Joconde ou l'obélisque de la Place de la Concorde (Paris)", par exemple.
Le directeur des collections au MNHN de Paris, Philipe Mennecier, avait souligné en mai dernier à l'APS que "rien n'empêcherait le rapatriement de ces restes mortuaires (crânes d'anciens résistants algériens, NDLR). Il suffit que la partie algérienne en formule la demande".
Il avait précisé que ces crânes "sont à l'origine des donations qui font partie du patrimoine national. Et seul un accord entre l'Etat algérien et l'Etat français pourrait faciliter la démarche de rapatriement".
Suite à une autorisation du Parlement français en mai 2010, la France a restitué à la Nouvelle-Zélande des têtes maories (autochtones de la Polynésie) momifiés et conservées dans des musées français.
Dans des déclarations à la presse lors de la cérémonie de la remise des têtes maories en janvier dernier, le responsable scientifique des collections d'anthropologie biologique au MNHN, Alain Froment, avait confirmé l'existence de restes des premiers résistants algériens à la colonisation, ajoutant que s'agissant de "figures historiques", la restitution "n'est acceptée que si la demande était faite par les descendants ou les l'Etats".
Des restes mortuaires de dizaines de résistants algériens à la colonisation française, dont ceux de Chérif Boubaghla (mort en 1854) et de Cheikh Bouziane des Zaâtchas (mort en 1849) se trouvent au MNHN depuis 1880 et classés dans la collection "ethnique" du musée.
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Posté Le : 06/02/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Algérie Presse Service
Source : www.aps.dz