Algérie

Colonisation en politique d’assimilation de Djamel Kharchi (Essai) - Éditions Casbah, Alger, 2004


Colonisation en politique d’assimilation de Djamel Kharchi (Essai) - Éditions Casbah, Alger, 2004
Le quiproquo de l’assimilation
Après l’échec de sa machine de guerre en Algérie, la France colonialiste forgea une arme redoutable.

Cette arme qu’elle pensait, qu’elle voulait fatale à tout un peuple pour le déposséder de ses droits nationaux, elle l’appela «politique d’assimilation». C’est ce que Djamal Kharchi, avec la finesse du poète (il a publié deux recueils de poésie) et l’argumentation du juriste (il a fait des études en post-graduation en droit), se propose de montrer dans son ouvrage Colonisation et politique d’assimilation en Algérie (1830-1962) (*). Il écrit tout net: «Dans son principe comme dans ses objectifs, la politique d’assimilation avait programmé la mort de la nation algérienne.»
En réalité, la subtilité (si j’ose dire) de cette «appellation» permettait de couver un danger mortel pour le peuple algérien, ce qui, honnêtement, n’est pas niable à l’analyse sérieuse et humaine de l’histoire de 132 ans d’occupation coloniale. Et il faudrait ajouter à cela l’excellente remarque de Kharchi: «L’ambivalence qui caractérisait la politique d’assimilation, donna lieu à des applications insidieuses et sectaires.» Voilà donc recadrée la réflexion politique générale définitive de l’idéologie coloniale qui, en considération des visées militaires et politiques de la France, élève ainsi la guerre de conquête en bonne nouvelle apportant la civilisation à la barbarie!
Ce discours légitima la conquête et la colonisation algériennes. Tous les beaux esprits, à quelques rares exceptions près, de la classe française envoûtés par la montée du romantisme européen et le goût soudain du pittoresque découvert dans l’étrange et l’étranger, approuvèrent l’expansion coloniale.
De plus, nous disent certains historiens: «La colonisation fut souvent considérée, notamment par la gauche, comme un remède possible à la question sociale.» Et donc la civilisation européenne a prévalu au détriment de la dignité et de l’intelligence du genre humain d’Algérie. Alors la France officielle ignorant les débats politiques, les émergences démocratiques, les positions de ses républicains, les tendances politiques de ses intellectuels libertaires - avant la lettre - et contre l’opinion publique française, s’engagea dans la guerre de conquête, au reste tout comme beaucoup de puissances militaires et industrielles de l’Europe conquérante du XIXe siècle.
L’ouvrage de Kharchi va expliquer, dans le détail, tous les épisodes de la colonisation de l’Algérie «dont les différentes séquences témoignent d’événements qui marquèrent, à des degrés divers, aussi bien la France que l’Algérie».
Il s’attarde, comme il convient, sur l’assimilation en précisant que: «Dans la succession des faits les plus significatifs de l’histoire coloniale de l’Algérie, le champ de l’assimilation revêtit divers contours et expressions politiques.» Il en indique les «étapes», les commente et conclut: «La société coloniale aura ainsi vécu sur une double fiction, celle de croire à une Algérie territorialement assimilée à la France et à une possible refondation de l’identité nationale algérienne. Les termes d’assimilation, d’émancipation ou d’intégration ne servaient qu’à définir une seule et même politique attentatoire à l’existence nationale du peuple algérien. [...] En réalité, la politique d’assimilation culturelle et sociale de l’Algérie musulmane n’était qu’une chimère bâtie sur des préjugés et une fausse interprétation de l’histoire. Par un effet paradoxal, elle fut plutôt le catalyseur de la régénérescence du nationalisme algérien.»
Voilà un ouvrage franc et lucide, qui gagnerait à être lu franchement et lucidement, sur les deux rives de la Méditerranée, afin que l’émotion - celle des misérables d’hier (les Algériens colonisés, fichés hors-humanité) et celle des misérables qui constituaient la communauté française de l’Algérie coloniale et qui ont encore aujourd’hui le sentiment d’avoir perdu un pays - soit authentique pour s’assimiler librement l’idée de paix et de respect mutuel.
Or donc la réponse est, évidemment, au coeur d’un vrai dilemme, selon que l’on est resté en Algérie ou que l’on est resté en face de l’Algérie.
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