Algérie - Amar Belkhodja

Colonialisme, les crimes impunis, (Essai) - Éditions Alpha, Alger, 2006



Colonialisme, les crimes impunis, (Essai) - Éditions Alpha, Alger, 2006
L’historien et ancien journaliste algérien, Amar Belkhodja, vient d’éditer un nouveau produit où un des pans les plus importants de l’histoire d’Algérie est remarquablement relaté, et ce, à travers des faits historiques implacables basés sur des témoignages et un travail de recherche, on ne peut plus, minutieux. Aussi, le crime est-il passé en revue d’un endroit à l’autre d’un pays ayant, plus d’un siècle durant, subi les affres d’un colonialisme farouche et dévastateur.
Amar Belkhodja nous raconte alors comment les populations “indigènes” avaient vécu l’horreur à l’époque. Le crime colonial aura eu le temps et la latitude de sévir, et ce, en toute impunité avec à la clé, haine et discrimination raciale. L’auteur entamera ainsi son récit en évoquant “la chasse à l’Arabe”, racisme et scènes horribles que feront subir les Français aux autochtones vers les années 1942 quelque part à Zéralda près d’Alger. Amar Belkhodja décrit par ailleurs, la tuerie de “Deschmya” en avril 1948 sur fond, comme l’a-t-il si bien rappelé, de “démocratie par le sang et par la fraude”.
C’est donc au pays des Berbères, pas loin de Sour-El- Ghozlane, au douar Deschmya que la fraude électorale par la force se fera entendre. Le 30 avril 1949, Mascara vivra les tristes exploits des légionnaires avec comme cible toute désignée “Baba Ali” quartier “arabe” par excellence. Une nuit de terreur en fait, encore une, vécue par la population musulmane. M. Belkhodja, outre l’enchaînement des faits irréprochables, relève, en historien avéré, bon nombre de chiffres et autant de repères historiques susceptibles d’éclairer davantage notre lanterne.
L’autre douar-martyre a pour nom Sid Ali Bounab. Octobre 1949, c’est au cœur du Djurdjura qu’aura lieu le massacre. Une vingtaine de gendarmes, détruisant tout sur leur passage avec à la clé, terreur et humiliations, une quinzaine de jours durant d’où exode massif des populations vers les villes… Sacrée vengeance sur d’innocentes âmes après qu’un déserteur leur aura échappé. L’auteur de l’ouvrage décrit alors la rage et la sauvagerie avec lesquelles se rueront les gendarmes français sur une population sans défense.
Aussi, plusieurs témoignages sont-ils relatés quant à ces tristes évènements. Autre escale, El-Asnam, aujourd’hui Chlef, où de sanglantes agressions ont eu lieu le 14 mai 1952. Date-repère dans l’évolution des consciences et l’avancée du nationalisme algérien. C’est lors du passage de Messali Hadj dans cette ville que la population locale sera réprimée dans le sang. Le 1er mai 1952, Oran vivra d’autres moments de répression, celle du mouvement ouvrier. D’importants affrontements éclateront et les forces de l’ordre frapperont dur.
Beaucoup de blessés et d’arrestations parmi les travailleurs et la population oranaise. Terreur sur la ville en fait… A Nedroma dans l’ouest du pays toujours, des émeutes populaires auront lieu un 15 octobre 1953 face à un appareil répressif mis farouchement en branle à l’occasion… L’auteur met par ailleurs l’accent sur la gravité des crimes impunis perpétrés au quotidien contre des populations sans défense vouées aux pires humiliations qu’exerçaient alors les forces de l’occupation dans une Algérie longtemps soumise au joug du colonialisme.
Aussi, fait-il apparenter ce dernier à une forme de racisme sans précédent en terre d’Afrique du Nord. Le code de l’indigénat, nationalité, apartheid en Afrique du Nord, théories raciales du XIXe siècle, procès et crimes coloniaux, tels sont les points mis en relief par Amar Belkhodja qui, encore une fois, aura eu le mérite de dépoussiérer tant de dossiers et d’archives avec à la clé un aussi harassant travail de recherche et d’investigation. Un ouvrage paru ces tous derniers mois aux Editions Alpha (Alger) et dans lequel l’auteur décrit l’horreur et l’atrocité humaine sur fond de haine et de mépris.
L’Algérie s’en souviendra en fait… Un livre à lire, destiné par devoir de mémoire à toutes les générations, notamment aux jeunes avides de l’histoire de leur patrie.


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