Colloque sur les traumas de guerre : Les effets des traumas des conflits sur les sociétés et les individus

«Conflits, guerres et traumas : témoigner, soigner, reconstruire», tel est l'intitulé d'un colloque de la revue transculturelle L'autre, qui aura lieu à Amiens les 24 et 25 mai (Somme). Il est organisé avec le Centre d'histoire des sociétés, des sciences et des conflits.Dans la présentation générale de cette manifestation de haut niveau, on peut lire qu'«aucun pan de l'action humaine n'échappe à l'effet dévastateur des guerres et des violences collectives. A cela il faut ajouter un terrorisme mondialisé aux formes d'affrontement éruptives qui visent un accroissement de l'effet de terreur. Les guerres sont révélatrices de ce que l'humanité a une part sombre.
Elles sont aussi une épreuve de vérité pour tous ceux qui vont se révéler être capables de lucidité, d'engagement et d'abnégation. Et toutes les cultures qui ont fondé la nôtre ont vu dans la guerre la scène de l'affirmation de valeurs positives : l'ardeur guerrière d'Achille, les vertus romaines, l'honneur des chevaliers médiévaux nous appellent à interroger une axiologie occidentale de la guerre».
«Nous sommes concernés par les actions contre les violences collectives tant elles impactent durablement les vies psychiques et infléchissent les destins. Soigner les traumatismes, restaurer les liens sociaux, mobilise un corpus particulier de savoir et nécessite des actions inédites, souvent destinées à des publics jetés sur les chemins de l'exode ou dans les camps de réfugiés (mères et bébés, enfants, dont certains sont contraints de prendre part aux violences).» Pour les acteurs du soin, face au «désordre» et pour remettre en «lien» la culture est un recours, un moyen favorisant une construction de «sens».
Pour les organisateurs, «témoigner, juger, soigner, prévenir et reconstruire nécessite un positionnement à l'interface de l'intime et de l'histoire collective, ainsi qu'une vision transnationale».
Pour Malika Benabi, «il s'agit de traiter les effets de la guerre sur les individus et les sociétés, les logiques qui mènent à la guerre. L'objet est de développer la connaissance des conditions à mettre en place pour soigner les traumas dus à la guerre».
Parmi les interventions, la première sera celle de Daho Djerbal (maître de conférences -HDR, historien, université d'Alger II) sur le thème des «Effets traumatiques de la violence et de la contre-violence en situation coloniale et post-coloniale».
Plusieurs ateliers sont prévus : Femmes dans la guerre ; Ethos, tortures, paramilitaires ; Trauma, soins, reconstruction (avec parmi les interventions: témoignage, résilience et création filmique : filmer les traumas de la migration) ; Parents, enfants et bébés dans la guerre ; Mémoire, transmission, témoignage ; Effets du colonial ; Trauma, soins, reconstruction, action collective humanitaire ; Adolescents : dans la guerre, après la guerre (avec notamment : quand les médias s'en mêlent, reviviscences traumatiques chez les mineurs isolés étrangers) ; Trauma, soins, reconstruction, action collective humanitaire (notamment : violences collectives, liens et déliaison : comprendre pour accompagner et conflit armé et élaboration symbolique d'adolescents réfugiés syriens).
Des professeurs parleront de leurs derniers travaux en la matière.
Parmi les sujets liés à l'Algérie, Malika Mansouri (maître de conférences, psychologue, université Sorbonne Paris Cité, PCPP), parlera de «Penser les radicalités violentes avec Frantz Fanon». Fatima Besnaci-Lancou (docteur en histoire) traitera des «Camps de harkis en France : relégation ou enfermement '» Nadia Guernou (psychologue clinicienne, Amiens) abordera le sujet : «Harkis et fils de harkis : le silence en héritage.»
Plus d'infos sur https://www.u-picardie.fr/medias/fichier/programme-conflits-guerres_1549380573052-pdf