Colloque sur le poète Hachemi Bensmir

Une figure emblématique de la ville d’Oran La salle de spectacles Es Saada (ex Colisée) accueillera, ce soir à partir de 21 heures, l’ouverture officielle du colloque de deux jours sur le poète Hachemi Bensmir, qu’organise l’Association de la culture traditionnelle de la wilaya d’Oran (Acto), sous l’égide de M. Le Président de l’APC d’Oran et l’Office communal des arts et de la culture. A l’occasion de cette première rencontre du genre, consacrée à l’un des plus grands représentants de la poésie populaire d’Oran, une quarantaine de poètes de la région seront présents à cet important événement culturel pour rendre hommage à un de leurs maîtres. Mercredi en soirée, le siège de l’Office communal des arts et de la culture devait abriter une table ronde sur le poète Hachemi Bensmir animée par Me Doubla, un passionné du chi’r el melhoun. Dans une atmosphère très conviviale et devant un parterre composé de représentants de la presse locale et d’invités, l’intervenant devait souligner l’opportunité d’un tel hommage avant d’entamer un bref exposé sur la vie et l’œuvre du Cheikh Hachemi Bensmir. «Chaque ville d’Algérie, dira-t-il, a son chantre : Tiaret a Cheikh Bouteïba, Sidi Bel Abbès, Cheikh El Madani, Mostaganem, Cheikh Hamada et Cheikh El Djermouni rayonnait dans l’est algérien. Hachemi Bensmir est un grand maître du melhoun et mérite que sa ville lui consacre pour une fois un hommage «. Il devait ajouter que tous ces poètes, à une période de leur vie, ont convergé vers Oran pour pouvoir affirmer leur célébrité. Hachemi Bensmir, qui est né en 1877 à Oran, près de Sebbalet Tolba à Medina Djida, d’une riche famille originaire de Mascara, a vécu dans la prospérité. Son père, qui était marchand en bestiaux, se permettait le luxe de rouler à cette époque en calèche. Il sera confié, dès l’enfance, à Si Mohamed Bencherif, érudit et imam de Sidi Lahouari, qui lui dispensera une formation coranique très poussée. Ce qui n’empêchera pas le jeune Hachemi de s’intéresser très tôt à la poésie populaire et commence à écrire ses premières qaçidate. Il écrira alors plus de 200 qaçidate, dont la célèbre « Biya daq el Mor «, qui constituera, en 1953, le premier enregistrement de Blaoui Houari qui l’immortalisera. Une complainte, que tous les Oranais fredonneront, qui raconte l’exil et le supplice des Algériens condamnés au bagne de Cayenne et constituera, selon Me Doubla, «un message qui perpétuera à travers les générations l’histoire du mouvement national» . Le refrain de cette qaçida sera également repris, en 1963, par Ould Abderrahmane Kaki pour sa pièce «Diwan el Garagouz». Une qaçida qui sera jugée subversive par les autorités coloniales de l’époque et vaudra à son auteur un séjour en prison. Résistant avant l’heure, il récidivera ses attaques contre le colonialisme dans la qaçida «Ya daymi ma rit fi hada zmen», poème où il fait preuve d’une grande érudition en rendant hommage aux plus grands maîtres du melhoun. Surnommé «Ettayr Labiad» (l’oiseau blanc) du fait de sa remarquable beauté physique, le maître incontesté du genre baladi, qui aimait s’attabler aux cafés Figuigui ou Bessahraoui à Medina Djida, chantera l’amour, l’exil, la séparation, la mal vie, l’exode rural. En dépit de sa grande célébrité, il refusera toujours de se prêter à l’enregistrement de ses œuvres si bien qu’il se fâchera avec son ami Cheikh Bouras quand il apprendra qu’il avait enregistré une qaçida à son insu. Blaoui Houari composera des musiques pour ses plus célèbres qaçidate, notamment «Jar Hobek», «Adrouni ya ness», «El mout kaïna», «Baad Ensit Achq leriem», «Ouach Issaber» et «Mechghoul khatri bik». Le Cheikh Hachemi Bensmir décédera le 22 Juin 1938 à l’âge de 61 ans. Ses enfants Kaddouri et Missoum continuent à chanter son œuvre. Rappelons que le programme du colloque, qui prendra fin demain, inclura des concerts de chants badaoui, des récitals de poésie populaire avec la participation des plus grands Chouyoukhs du melhoun de la région ouest, un gala de chanson oranaise, de meddahates et des parades de groupes de chants et danses folkloriques qui sillonneront les quartiers de la ville.