Algérie

Colloque national sur la traduction du roman algérien de langue française



Le Colloque national portant sur la traduction des romans algériens de langue française vers tamazight et l’arabe, organisé les 28 et 29 septembre à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, à l’initiative du Haut commissariat à l’amazighité (HCA), a donné lieu à quatre principales recommandations.La première est la création d’une instance nationale qui aura pour mission de mettre en œuvre une stratégie globale de traduction en Algérie, d’encourager la traduction, de stimuler la création littéraire et d’inventorier  l’ensemble des  œuvres traduites de et vers tamazight. La deuxième recommandation concerne l’intégration du  module de traductologie dans le processus d’enseignement autant au  niveau des départements de langue et culture amazighes que  dans les écoles de journalisme. La troisième est  l’introduction de la langue amazighe dans les instituts de traduction et interprétariat et à l’école de journalisme.
La création d’une école doctorale de traductologie, dont la langue de base est le tamazight, est la dernière recommandation de ce colloque auquel ont participé des enseignants universitaires et chercheurs du pays qui, globalement, se sont mis d’accord sur la «fonctionnalité»  et le besoin de traduire du français -voire même d’autres langues - en tamazight. Au cours de cette manifestation scientifique, un appel a également été lancé aux départements ministériels, notamment le ministère de la Culture, de l’Information, de l’Education nationale, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, de la Formation professionnelle, pour initier un projet  de traduction. «Pour intéresser les gens à faire de la traduction, il faut les payer. Le temps du bénévolat est dépassé», a précisé Youcef Merahi, secrétaire général du HCA, tout en soulignant que la récupération de «tout ce qui est national et écrit par des auteurs algériens francophones ou arabophones doit être une priorité dans ce projet ou ce chantier de traduction.» «Tenter d’engranger le maximum d’informations scientifiques et rejoindre d’autres spécialités, notamment la linguistique, car il faudra arriver à ce qu’on appelle les néologismes, a expliqué encore l’auteur, doit constituer la deuxième priorité». Les conférenciers ont balisé des thèmes en rapport avec le corpus, l’histoire et le contexte des romans traduits à partir de 1830 jusqu’à présent et le profil du traducteur ainsi que les méthodes de traduction.Le contenu implicite dans la traduction de la poésie orale féminine ancienne, du kabyle en français, est le thème de la communication présentée par Mme Nora Belgasmia, enseignante au département de traduction, de l’université de Tizi Ouzou. «Cette expression féminine diffère de l’expression masculine tant que le contexte de sa performance impose des limites dictées par les tabous, les interdits, la religion, la pudeur, la décence, mais aussi et surtout le statut social de la femme kabyle dans sa communauté qui lui impose d’être toujours à l’avant-garde des valeurs morales traditionnelles», dira l’oratrice tout au début de son exposé.  Et d’ajouter : «La femme kabyle n’a pas le verbe aussi libre et libertin que celui de l’homme kabyle. Dans sa poésie, elle se dote des stratégies discursives et énonciatives afin de contourner ces interdits et autres limitations verbales.» Hessene Halouane, enseignant au département de français, de la même université, a tenté, dans sa conférence, «de mettre à jour la nécessaire connivence (existant) entre un auteur et son producteur quand ceux-ci appartiennent à une même sphère culturelle et linguistique», en étudiant le texte Jours de Kabylie de Mouloud Feraoun et sa traduction en tamazight «Ussan di tmurt» de Kamel Bouamara. «Par ailleurs, il existe une traduction loin du cadre académique et en dehors de l’université», estiment des spécialistes. «La traduction des amateurs a précédé la traduction universitaire. C’est par le biais de celle-ci que les universitaires se sont cointéressés et se sont ouverts surtout vers le public. Mohand Ouaneche, Messouci et d’autres, qui ont traduit des œuvres ver le tamazight, n’étaient pas des universitaires, et on travaille encore sur leurs traductions. Mais l’université c’est le brain-trust non seulement du domaine de la traduction, mais de tout le pays», dira à ce propos  Youcef Merahi, qui qualifie par ailleurs la confrontation idéologique continue entre les langues utilisées en Algérie (le tamazight, le français et l’arabe notamment), de «pernicieuse et périphérique». Il ajoute : «Si les décideurs du pays perçoivent le danger de cette confrontation, je crois que ça sera une excellente chose. Chacun veut rajouter de l’eau à son moulin, chacun plaide sa chapelle. Certains  arabisants souhaiteraient mettre le voile de l’arabité, par le biais de l’utilisation du caractère arabe et par le biais de la traductologie à partir de la langue arabe considérée comme étant une langue pivot. Les amazighophones, dont je fais partie, pensent que tamazight est une langue indépendante en elle-même avec sa culture, son génie, avec sa projection, sa gestuelle etc. Et si on devait faire de la traduction, en nous appuyant sur une autre langue, ce serait l’arabe dialectal. Cette langue est le produit de tamazight. Ainsi,  l’arabe classique n’est utilisé que par les pointus parmi les arabisants.»
    
 


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